Hugo Toumire en extase

Crédit photo Patrik Patek PatRess.cz

Crédit photo Patrik Patek PatRess.cz

La veille du départ de la Course de la Paix Juniors, Hugo Toumire relit le palmarès de l'épreuve avec ses camarades de l'équipe de France. Au milieu des Fabian Cancellara, Tanel Kangert, Michal Kwiatkowski ou Magnus Cort Nielsen, pas un Français. Depuis dimanche soir, le nom du Normand est écrit en lettres d'or juste après celui de Remco Evenepoel, le lauréat de l'an dernier (voir le classement). Le leader du Challenge MorphoLogics-DirectVelo raconte à DirectVelo ses quatre jours intenses en émotions qui l'ont mené à gagner la Course de la Paix.

DirectVelo : Qu'est-ce qu'il t'a pris d'attaquer à 30 kilomètres de l'arrivée le premier jour ?
Hugo Toumire : A 40 kilomètres de l'arrivée, il y avait une belle bosse de trois, quatre kilomètres et ça descendait direct vers une autre montée. Nous étions trois Français dans les six premiers à ce moment-là. Valentin Paret-Peintre m'a dit d'en remettre. Je suis passé comme pour prendre un relais mais personne n'a suivi et je me suis retrouvé tout seul au pied de la bosse. Les trois derniers kilomètres étaient vraiment horribles... en fait non, les 30 kilomètres étaient horribles. C'était 40 minutes à bloc. Mais j'ai eu la chance d'avoir fait le stage de contre-la-montre avec l'équipe de France la semaine d'avant. Ça m'a vraiment fait du bien, j'étais dans mon pic de forme ce jour-là.

« AU SOMMET, J'AI FAILLI VOMIR »

As-tu récupéré pour le contre-la-montre du lendemain matin ?
J'ai tout optimisé pour la récupération mais j'avais quand même la patte dure. Toute l'équipe était autour de moi et ça m'a bien aidé. Tiberi, l'Italien qui gagne le chrono et qui gagne l'étape de montagne, était moins dangereux pour le classement général car il a crevé à quatre kilomètres de l'arrivée le premier jour. L'Italie était très forte avec deux leaders, Tiberi et Piccolo.

Quelle fut ta journée la plus dure ?
La troisième, celle de l'étape de montagne. J'ai souffert mais ça fait du bien au moral de constater que j'arrivais à suivre le groupe des seize meilleurs. L'Allemand Ballerstedt, qui était 2e du général, a le même gabarit que moi donc il n'était pas au-dessus des autres dans le col.  Je n'avais jamais connu cette sensation d'être avec ceux qui basculent en tête. Au sommet, j'ai failli vomir. Mais toute l'équipe avait tellement bossé pour moi que je ne pouvais pas lâcher.

« JE DIS "NOUS" CAR C'EST UN VRAI TRAVAIL D'ÉQUIPE »

Qu'est-ce que ça change d'être en jaune ?
Même sans le maillot, je pense que j'aurais pu suivre dans l'étape de montagne. Dans le peloton, il y a une forme de respect, c'est plus facile pour frotter, on te laisse passer. Je n'avais jamais connu ça. Le maillot c'est aussi de la pression, de l'adrénaline. J'étais en extase, ça fait tout bizarre.

Et donc, tu as gardé le maillot jusqu'au bout...
J'étais collé à la roue de Ballerstedt pendant la dernière étape. Il a voulu faire une  bonif'. Je l'ai déboité et j'ai pris une seconde. Être le premier Français à gagner cette course, quand on voit le palmarès, c'est un truc de malade ! Je me rends compte que c'est énorme ce que nous avons fait. Je dis "nous" car c'est un vrai travail d'équipe. Tous les coureurs de l'équipe de France m'ont aidé jusqu'à la fin.

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