Simon Carr dévore des cols toute l’année

Crédit photo Maitane Froger

Crédit photo Maitane Froger

Ne dîtes surtout pas à Simon Carr qu’il est Anglais. Natif d’Hereford, ville anglaise proche de la frontière galloise, le grimpeur de l’AVC Aix-en-Provence se sent avant tout Français. Et s’il devait se définir comme originaire d’outre-Manche, il ne serait pas vraiment anglais non plus. “Ma mère est Galloise et mon père est à moitié Gallois également. Donc je dois être Gallois. Ou alors, Britannique, mais pas Anglais”, rigole-t-il. Le jeune coureur se rend une fois par an, en moyenne, dans sa région d’origine, mais il réside en France depuis tout petit et a fait toute sa scolarité dans l’Hexagone. Aujourd’hui, celui qui a demandé sa naturalisation depuis deux ans mais attend toujours un retour favorable, réside à Limoux, dans l’Aude. Et c’est non loin des terres occitanes, de l’autre côté des Pyrénées, que Simon Carr s’est illustré récemment en décrochant une deuxième victoire en quelques semaines dans les cols espagnols. DirectVelo fait le point avec l’ancien sociétaire de l’Occitane CF.

DirectVelo : Tu as remporté une belle étape sur le Tour de Navarre le week-end dernier !
Simon Carr : Je revenais d’une Ronde de l’Isard assez difficile, sur laquelle j’avais misé beaucoup mais où j’étais finalement arrivé malade. Le lundi suivant la fin de cette Ronde de l’Isard,  je me sentais encore mal et j’étais donc inquiet pour cet enchaînement avec le Tour de Navarre. Mais en fait, j’ai vite retrouvé de bonnes sensations, jusqu’à remporter cette étape. Je suis très content de cette victoire.

Comment as-tu construit ce succès ?
C’était une étape très difficile, avec trois cols qui s’enchaînaient. Je suis sorti dans un col à tente kilomètres de l’arrivée. Nous étions cinq à l’attaque à ce moment-là, mais il y avait une mauvaise entente alors je suis ressorti tout seul. J’ai monté le col le plus vite possible jusqu’en haut, puis j’ai essayé de récupérer un tout petit peu dans la descente, avant d’attaquer l’ascension finale. Devant moi, il y avait toujours un coureur membre de l’échappée initiale (l’Espagnol Gerard Armillas, finalement vainqueur final de l’épreuve grâce à cette fugue, NDLR). Il avait encore quatre minutes d’avance lorsque je suis sorti, mais je lui reprenais rapidement du temps et j’ai compris que j’allais rentrer. Avant de revenir sur lui, j’ai pris le temps de légèrement ralentir mon allure pour l’attaquer au moment de la jonction. Il n’a pas cherché à prendre ma roue, et j’ai filé comme ça jusqu’à la ligne, après trente bornes en solitaire. Je suis content de ce que j’ai réalisé.

Tu vas devenir un vrai spécialiste des épreuves espagnoles !
(Sourires). C’est vrai que j’avais déjà gagné une étape sur la Bidassoa un petit peu plus tôt dans l’année. J’aime ces courses difficiles, où ça se fait à l’usure. C’est différent de ce que l’on a en France sur les courses amateurs. Il y a des attaques sans arrêt dès le kilomètre 0. Là-bas, c’est plus structuré et ça se fait souvent via une élimination par l’arrière, avec des équipes qui roulent pour un leader en particulier.

Ce n’est pas vraiment la façon de courir “à l’Aixoise”...
C’est vrai, il faut s’adapter. Sur la 2e étape de la Bidassoa, j’étais justement parti à 120 kilomètres de l’arrivée, puis j’avais été repris. Plusieurs coureurs Britanniques qui vivent en Espagne et disputent beaucoup de courses là-bas sont venus m’en parler, et m’ont dit qu’ils étaient très surpris que j’attaque de si loin alors que j’étais placé au général, ce qui prouve que c’est une approche très différente.

« J’AIMERAIS DEVENIR UN SPÉCIALISTE DES COURSES PAR ÉTAPES »

Plus généralement, comment se déroulent tes premiers mois au sein de l’AVC Aix-en-Provence ?
Parfaitement bien. Nous avons un très bon groupe, avec un bon mixte d’Espoirs et de coureurs plus expérimentés comme Adria (Moreno), Romain (Campistrous), Florent (Castellarnau) ou Clément Jolibert.Il y a une superbe ambiance dans le groupe et nous avons un très bon calendrier. D’un point de vue purement personnel, tout ne s’est pas déroulé comme je l’espérais car je suis tombé malade plusieurs fois, notamment après l’Essor basque, et au mois de mars. J’avais quand même pu terminer 3e à Puyloubier mais après, je n’avais pas pu enchaîner convenablement. C’est dommage.

Tu auras de gros rendez-vous dans les prochaines semaines !
J’aimerais marcher fort sur le Tour du Val d’Aoste, notamment. Ce sera un gros objectif. En attendant, il y a aura le Tour de Savoie-Mont Blanc. Je serai peut-être sur le Tour Alsace également. Tout cela sera très intéressant.

Tu viens de citer à l’instant trois grosses courses par étapes montagneuses. Or, tu viens déjà d’enchaîner le Tour du Jura, la Bidassoa, la Ronde de l’Isard et le Tour de Navarre. Finalement, tu dévores des cols tout au long de la saison ?
(Rires). Et il y aura aussi le Beaujolais, le Tour du Piémont Pyrénéen… J’ai fait le Gévaudan l’an passé… C’est vrai que j’ai un programme de grimpeur et c’est parfait. J’ai la chance d’être dans un club qui a un gros calendrier de courses par étapes. Le piège, c’est de trouver la bonne forme au bon moment car finalement, il y a des courses montagneuses tout au long de l’année ou presque et bien sûr, je ne peux pas me présenter à 100% sur chacun de ces rendez-vous. Alors je fais simplement au mieux au fur et à mesure, suivant mes sensations.

As-tu discuté de ce calendrier avec Jean-Michel Bourgoin, le manager de l’équipe ? Est-il voulu d’enchaîner quasi exclusivement les courses par étapes montagneuses, ou envisages-tu de te tester sur d’autres types d’épreuves ?
J’ai envie de progresser dans ce domaine. J’aimerais devenir un spécialiste des courses par étapes. Du coup, j’enchaîne les cols mais je veux aussi travailler l’exercice du contre-la-montre. D’ailleurs, j’aimerais faire un bon résultat sur le chrono de la Boucle de l’Artois, en fin de saison. Ce sera un test intéressant pour moi. Malheureusement, je ne dispute pas beaucoup de chronos. Pour le reste, je dois également préciser que j’ai une bonne récupération. Je me sens de mieux en mieux au fil des jours de course, et c’est pour ça que j’aime enchaîner les courses par étapes. Mais nous n’avons pas spécialement discuté de ça avec Jean-Michel, ce n’est pas une “stratégie” au niveau du calendrier.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Simon CARR