Nicolas Prodhomme, le vainqueur malgré lui

Crédit photo Orlen/Michal Kapusta

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Nicolas Prodhomme va rester dans l'histoire de l'Orlen Nations Grand Prix. Le Normand a inscrit son nom au palmarès de la première édition de cette manche polonaise de la Coupe des Nations Espoirs. "C'est la première fois que je gagne une course sans lever les bras. C'était particulier",  reconnaît-il. Ce succès n'était surtout pas attendu jusqu'aux cinq derniers kilomètres de la seconde étape.

« J'AI COMPRIS QU'IL N'ÉTAIT PLUS LA »

Au départ de Bukovina Resort, dimanche, Clément Champoussin porte le maillot blanc et rouge de leader. Les tricolores ont dominé la veille le contre-la-montre par équipes. "Nous repoussons les Danois à 24''. C'est une victoire significative, apprécie Pierre-Yves Chatelon. Le chrono était très dur. Nous avions une équipe de grimpeurs. Les gars étaient vraiment costauds. Clément était au-dessus du lot. Il me demandait des renseignements dans l'oreillette pendant que les autres étaient à bloc dans sa roue !".

Gourmands, les Français voulaient s'offrir le lendemain l'étape en ligne, au parcours difficile. Ils ont contrôlé le peloton toute la journée. Tout se passait à merveille jusqu’à la descente menant au pied de la montée finale, longue de trois kilomètres. "Nous étions encore une dizaine à l'avant. Un gars a attaqué. Je roulais derrière lui pour Champou. La route était vraiment pourrie. Je me suis retourné en passant dans un trou. Clément m'a dit que ça allait. Je me suis retourné une nouvelle fois, et là il m'a parlé, mais j'ai alors compris qu’il était loin. Je me suis donc mis dernier du groupe et j'ai vu qu’il n'était plus là. Il a cassé sa roue.".

« J'ÉTAIS SUPER ÉNERVÉ »

Au volant, Pierre-Yves Chatelon enrage. Voiture n°1 dans la file des directeurs sportifs, l'entraîneur national est à près d'une minute de ses coureurs. "On venait de passer un raidard et il y avait des coureurs un peu partout, rapporte-t-il. J'étais super énervé. Je sors rarement de mes gonds mais là, ça commençait à faire beaucoup après le Tour des Flandres Espoirs et l'Étoile d'Or (lire ici). Je me suis dit que nous étions maudits !".

Nicolas Prodhomme hésite l'espace d'un instant. Doit-il attendre son coéquipier pour l'aider à rentrer ou doit-il jouer sa carte pour assurer une victoire française. "J'ai hésité à l'attendre, mais on aurait peut-être tout perdu. Alors j'ai continué". Pour Pierre-Yves Chatelon, le coureur du Chambéry CF a pris la bonne décision. "Ce n'était pas gagné d'avance. Le Danois était devant et il ne devait pas arriver avec plus de 24'' d'avance. Nico roulait seul, les autres coureurs l'ont laissé faire". Andreas Lorentz Kron s'offre l'étape. Le Français arrive à 15'' et remporte ainsi cette nouvelle course.

« REVANCHARD À LA COURSE DE LA PAIX »

Dans l'aire d'arrivée, l'ambiance est particulière. Clément Champoussin peste d'avoir perdu la course. "À chaud, il l'a mal vécu, rapporte Pierre-Yves Chatelon. Il en avait marre car il avait déjà manqué de réussite cette saison. Il a fallu le rassurer. Il était sans doute le plus costaud de la course. Nicolas était gêné. Ça l'embêtait de gagner comme ça. Mais ils sont allés la chercher ensemble dans le chrono par équipes cette victoire !". Garçon discret, Nicolas Prodhomme n'a pas fanfaronné dimanche soir. "Je ne peux pas être très content d'avoir gagné vis-à-vis de Clément, dit-il. Mais il ne m'en veut pas".

À l'issue de la course, les Bleus ont pris la route de la République tchèque où ils disputeront, à partir de ce jeudi, la Course de la Paix (Coupe des Nations). "Nous avons fêté ça avec un café. Nous n'avons pas été en boîte, ni sorti le Champagne, se marre Nicolas Prodhomme. Il y a une autre course à venir. Nous avons une équipe qui tient vraiment la baraque. Ça sera sans doute pour Champou. Nous n'avons pas encore fait de briefing mais je l'aiderai dans le final des étapes". Clément Champoussin apparaît comme le grand favori de la Course de la Paix. "Dimanche il repart avec environ 1'20'' de retard et finit à 45'', indique Pierre-Yves Chatelon. Il a fait une dernière montée terrible. Avec les pattes qu’il avait, il aurait pu gagner l'étape. Champou aura une revanche à prendre à la Course de la Paix".

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