Svein Tuft, le “Papa” pré-retraité du TPC

Crédit photo Julie DESANLIS - DirectVelo

Crédit photo Julie DESANLIS - DirectVelo

Svein Tuft a débuté sa carrière professionnelle en 2002, dans la formation Prime Alliance. Dix-sept ans plus tard, il s’apprête à boucler la boucle puisque le Canadien va mettre un terme à sa carrière chez lui, au Canada, dans les prochains jours. DirectVelo a profité de la présence du rouleur de la formation Rally UHC Cycling, ancien vice-Champion du Monde du contre-la-montre, sur le Tour du Poitou-Charentes, pour savoir comment il vit ces dernières semaines en tant qu’athlète de haut-niveau.

DirectVelo : Comment des jambes de 42 ans répondent-elles sur un chrono comme celui de ce jeudi ?
Svein Tuft : (Rires). C’était vraiment dur ! Le début de chrono était rapide, sur une belle route avec vent de dos. Mais ensuite… La route du retour était beaucoup plus difficile, avec ce vent contraire. Bon… C’est un chrono de plus dans cette longue carrière, et l’un des derniers (sourires).

« J’AI PRIS DU RECUL »

Justement, tu disputes actuellement les toutes dernières courses de ta carrière. Dans quel état d’esprit es-tu ?
C’est un mixte de pas mal de sentiments différents. Je n’apprécie plus trop les fins d’étapes comme lors des premières étapes ici. Ça frotte trop… Je laisse les jeunes prendre les risques. Par contre, j’avoue avoir pris beaucoup de plaisir sur ce contre-la-montre cet après-midi (jeudi). C’est une discipline qui m’a toujours plu et le plaisir reste le même que par le passé. Sur la rampe de lancement, ça fait quand même bizarre. À chaque fois, tu te dis que c’est une sorte de dernière fois. C’est particulier. Il y a une sorte de nostalgie à l’idée de quitter les courses et d’un autre côté, j’ai hâte de débuter la deuxième partie de ma vie, en quelque sorte. C’est assez étrange, le vélo a fait partie de ma vie tellement longtemps (il est coureur professionnel depuis 2002, NDLR).

Dans ce peloton du TPC, de nombreux coureurs présents ont l’âge d’être tes fils ! 
Je commence à vraiment le réaliser et ça fait drôle. J’ai mis longtemps à en prendre conscience. Même à 38 ou 39 ans, je n’étais pas dans cet état d’esprit, de me dire que j’étais vraiment l’ancien du peloton. J’étais toujours à fond dans mon truc, concentré sur mes résultats et mon rôle dans l’équipe. Mais cette année, j’ai pris du recul et je vois bien que les choses ont beaucoup changé.

« DE PLUS EN PLUS DUR DE LES LAISSER À LA MAISON »

Y’a-t-il eu un moment, dans la dernière partie de ta carrière, où tu as réalisé que tes jambes et ton physique ne répondaient plus aussi bien que par le passé ?
En fait, c’est marrant car l’an dernier, j’étais toujours au niveau, en WorldTour, avec la Mitchelton-Scott. J’avais notamment vécu un très bon Tour d’Italie. On courait tous les jours devant pour Simon Yates et je me sentais encore super bien, à plus de 40 ans. Mais j’ai décidé après ça qu’il fallait que j’arrête. Ce n’était donc pas vraiment physique, mais c’est plutôt le manque de la famille, et la lassitude de toujours partir sur les courses à l’autre bout du monde, pendant des mois et des mois. J’ai une famille, et un petit garçon maintenant. C’est de plus en plus dur de les laisser à la maison.

Mais tu es toujours là, en 2019 !
Cette équipe (Rally UHC Cycling) est venue à ma rencontre et m’a proposé un calendrier qui me parlait beaucoup. Ils voulaient mon expérience mais ils ont compris qu’il y avait certaines choses dont je ne voulais plus. La saison s’est bien passée et cette fois-ci, c’est vraiment la fin. Je vais terminer la saison à Québec et Montréal, à la maison. Ce sera très spécial. 

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