Quinn Simmons, plus précoce que Remco Evenepoel

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

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Fin 2019, Quinn Simmons était sacré Champion du Monde Juniors en triomphant sur les routes du Yorkshire, en Grande-Bretagne. Quelques mois plus tard, voilà déjà l’Américain chez Trek-Segafredo, l’une des plus grosses armadas du peloton mondial. Comme Remco Evenepoel l’an passé, le garçon de 18 ans a décidé de passer directement des rangs Juniors au WorldTour. L’homme du Colorado n’a pas froid aux yeux et s’apprête même à, en quelque sorte, faire encore plus fort en disputant dès les prochaines semaines les plus grosses Classiques du calendrier. Sûr de sa force, il promet avoir déjà des ambitions au plus haut-niveau, notamment pour Paris-Roubaix. DirectVelo à fait le point avec Quinn Simmons entre l’Étoile de Bessèges et le Tour de la Provence.

DirectVelo : Comment se sont déroulés tes premiers jours de compétition en tant que coureur professionnel ?
Quinn Simmons : Tout s’est bien passé. Évidemment, c’est un véritable changement par rapport à l’année dernière, où j’étais encore chez les Juniors. À Bessèges, on espérait que Matteo (Moschetti) puisse enchaîner après ses victoires à Majorque mais ça ne l’a pas fait et surtout, il a malheureusement chuté lourdement. Sur le Mont Bouquet et pour le général, nous n’avions pas de grandes ambitions car aucun de nos coureurs présents ici n’est véritablement un grimpeur.

Tu as décidé de passer directement des rangs Juniors au WorldTour. As-tu eu le temps de cogiter pendant l’hiver ?
Pas du tout car c’est ce que je voulais. J’ai pris le temps de me reposer et de recharger les batteries pendant deux mois, chez moi aux États-Unis. Ensuite, je suis arrivé en Europe en décembre pour les premiers stages collectifs. Depuis, je suis totalement impliqué et j’ai déjà la tête aux Classiques. Le niveau est plus élevé, c’est évident. Mais ce n’est pas non plus délirant. Ce n’est pas comme si je m’étais retrouvé complètement au bout du rouleau après les étapes à Bessèges… J’arrive à m’accrocher dans le peloton et je sais que le reste va venir petit à petit. Il y a encore plein de petits détails à peaufiner mais j’ai le temps d’y travailler.

« JE M’ATTENDS À SOUFFRIR »

Tu n’as pas l’air très impressionné !
C’est quand même dur (sourires). Mais j’ai confiance en mes qualités. Je sens bien que ça n’a plus rien à voir avec les Juniors dans le sens où je n’aurai sans doute pas la place pour deux attaques sur une même course. Il ne faut pas rater son coup. Mais c’est jouable.

Cette semaine, au Tour de la Provence, tu vas pratiquement découvrir le niveau WorldTour étant donné la qualité du plateau…
C’est sûr que ça va déjà me mettre dans le bain. J’ai regardé le tracé pendant la semaine à Bessèges et j’ai vu qu’il y avait de sacrés parcours. Je m’attends à souffrir. Je vais bien apprendre et ça tombe bien car mes prochaines courses seront encore plus relevées.

« J’Y PENSAIS DÉJÀ AU MOMENT DE CHOISIR MON ÉQUIPE »

Dans les prochaines semaines, tu vas découvrir le Het Nieuwsblad, Kuurne-Bruxelles-Kuurne, les Strade Bianche, le GP E3, Gand-Wevelgem, Paris-Roubaix… Le tout à 18 ans !
Je pense que c’est possible dès cette année, oui. Je suis confiant pour les Classiques. Nous y aurons vraiment une grosse équipe à chaque fois. S’il y a des opportunités de faire quelque chose, je dois foncer. Les Classiques me conviennent bien, je suis prêt à en découdre.

Tu n’es qu’Espoir 1 cette saison. Tu pourrais tenter de gagner des Classiques dans la catégorie Espoirs avec ta sélection nationale ?
Je ne pense pas courir avec la sélection américaine Espoirs. En tout cas, pour le moment, ce n’est pas du tout prévu. Peut-être en fin de saison, sur le Mondial chrono par exemple. Mais ce n’est pas certain. Si je suis chez Trek cette année, c’est en grande raison parce qu’ils m’ont promis qu’ils me feraient confiance et que je pourrais me tester sur les plus grosses Classiques dès cette année. L’an passé, j’y pensais déjà au moment de choisir mon équipe pour 2020. On a eu de longues discussions avec l’équipe et ils m’ont dit que c’était possible. Je ne vais pas tout enchaîner non plus. Je ne suis pas prévu pour le Tour des Flandres mais je ferai Paris-Roubaix, qui est mon gros objectif.

« JE SAIS DE QUOI JE SUIS CAPABLE »

Disputer Paris-Roubaix à 18 ans semble être un énorme défi !
Je voulais y être le plus tôt et le plus jeune possible. Sur ce genre de course mythique, on sait que l’expérience est primordiale. Le plus tôt est donc le mieux pour s’y mettre. Je sais que ça me servira pour l’avenir. On aura deux grosses cartes à jouer avec Mads (Pedersen) et Jasper (Stuyven). De mon côté, je ferai de mon mieux pour les aider.

Ton calme, ta sérénité, ta façon de parler très posément, ou encore ton discours, donnent l’impression que tu es un vieux de la vieille… Comment expliques-tu une telle maturité ?
(Sourires). Je sais que je suis déjà à un niveau relativement élevé et que je ne suis pas loin d’être compétitif sur les grosses courses. Encore une fois, j’ai aussi conscience que j’ai beaucoup à apprendre. C’est un autre niveau de jeu qu’en Juniors et je dois apprendre comment “jouer” à ce niveau. C’est un gros challenge mais je sais de quoi je suis capable. J’ai de la force, de la puissance… À moi d’utiliser au mieux mes forces. Et qui sait, d’ici deux-trois ans, je pourrai peut-être rêver de grandes choses.

« JE N’AI PAS PEUR »

La plupart des coureurs déclarent vouloir apprendre pour leur première saison mais toi, tu sembles déjà particulièrement ambitieux !
Je suis entouré d’un groupe très fort. On a l’équipe pour faire la course et provoquer du mouvement sur les Classiques flandriennes notamment. Si je peux faire partie de tout ça et moi-même tenter des choses, je ne vais pas me gêner. Je n’ai pas peur.

Sur la description de ton compte Instagram, tu as écrit : “plus jeune coureur du WorldTour de tous les temps”. C’est une statistique dont tu es fier ?
Je pense que c’est quelque chose de bien. Aujourd’hui, les coureurs passent pro de plus en plus jeunes. Mais ce n’est pas tout nouveau non plus que des coureurs marchent vite chez les pros. Je pense à Sagan ou Cancellara par exemple. Ils n’ont pas dû attendre longtemps pour s’illustrer sur des grosses courses, souvenez-vous. Peter Sagan gagnait déjà sur des étapes du Tour de Californie à 19 ans… (20 ans, NDLR). Je pense pouvoir faire pareil. Cela demandera beaucoup de travail et un peu de chance, mais je vais tout mettre en oeuvre pour y arriver.

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