Tour de Wallonie : Les spectateurs à l’affût des fuites

Crédit photo TRW Organisation

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Pour sa 41e édition, le Tour de Wallonie est pour la première fois organisé à huis clos. À l'exception des riverains, plus personne ne peut assister à la course sur le bord de la route. Bien qu'ils soient moins nombreux que les autres années, des spectateurs sont pourtant toujours présents. Par exemple, dans une difficulté de la 3e étape, plusieurs d'entre eux étaient présents. Dans cette côte longue de plus d'un kilomètre et jalonnée d'une dizaine de maisons et d'une brasserie à son sommet, une cinquantaine de spectateurs attendait le passage des coureurs. Comment ont-il été informé du parcours alors que l'organisation a limité sa communication à la ville d'arrivée et de départ ? Sur le site trworg.be, on ne retrouve ni carte, ni profil, ni itinéraire horaire pour éviter l'afflux de spectateurs.

UN AGENT DE POLICE : « S'ILS RESPECTENT LA DISTANCIATION, C'EST OK »

Au pied de la montée, assis sur des sièges pliables à l'entrée d'un pré, deux hommes de Sambreville (province de Namur) sont là. "Nous avons eu l'itinéraire horaire par l'intermédiaire d'un prestataire technique de la course. Nous ne les regardons passer qu'une seule fois. Nous faisons ça depuis dimanche", expliquent-ils à DirectVelo. Plus haut, une famille supporte un jeune coureur flamand. C'est l'athlète lui-même qui a donné les informations. "Nous ferons au moins deux passages aujourd'hui. C'est comment à l'arrivée ?" demande cette dame, visiblement peu informée des mesures. Deux vacataires d'une équipe WorldTour sont là aussi avec une voiture personnelle. Pas de bidons, pas de roues. Ils sont présents simplement pour voir passer les coureurs. "Nous avons trouvé les informations sur un site internet. Même sans itinéraire horaire, nous pouvons aisément organiser notre journée. Deux jeunes hommes sont également sur le côté droit de la route. L'un fait régulièrement du vélo, l'autre regarde les courses à la télévision. Ils habitent à quelques kilomètres de là, à Aubel. Ils avaient vu les plaques ces jours-ci. "Comme on savait que le départ avait lieu à Hombourg, on s'est dit qu'ils devraient passer par ici en début d'étape".  

Au sommet, sept cyclos retraités sont au bord de la route. Avec du matériel qui n'a pas grand-chose à envier au peloton qui passera quelques instants plus tard, ils se sont arrêtés après déjà 70 kilomètres au compteur. Ils viennent du nord de la région de Bree et traversent régulièrement la région. "On savait qu'ils viendraient ici aujourd'hui. On est venu pour ça. Nous avons trouvé l'information sur un site néerlandais". Trois citoyens des Pays-Bas voisins observent. "Nous faisons un périple dans la région. Nous avons dormi sous une tente près d'ici à Aubel. En passant, nous avons vu la course". Enfin, un agent de police organise la circulation. "Non, je ne suis pas au courant que la course est à huis clos. Tant que les gens respectent la distanciation sociale, c'est ok pour moi", explique-t-il en observant les gens debout près de lui. 

L'ORGANISATION EST CLAIRE : « RESTEZ CHEZ VOUS »

Cet agent ne semble pas informé, mais pourtant, toutes les personnes présentes sont en infraction. La décision avait été communiquée le 31 juillet dans un communiqué du Ministre-Président de Wallonie, Elio Di Rupo. En plus de l'interdiction d'accéder aux zones de départ et d'arrivée, c'est tout au long du parcours que les spectateurs sont interdits. En consultant l'arrêté de police concernant la Province du Hainaut, on apprend que ce type d'infraction est punissable d'une peine de prison de huit à quatorze jours et d'une amende de 26€ à 200€. En plus des organisateurs et suiveurs autorisés de l'épreuve, seuls les riverains et la bulle sociale de ceux-ci peuvent donc assister à la course.

Directrice générale et coordinatrice COVID-19 du Tour de Wallonie, Stéphanie Roelens a pris toutes les résolutions possibles pour éviter les foules sur son épreuve. "Nous avons veillé à ne rien publier du tout sur notre site internet. À travers nos réseaux sociaux et les médias partenaires de la course, nous avons répété un message clair. Restez chez vous et regardez le TRW à la télévision. Les gouverneurs ont publié des arrêtés, et c'est chaque bourgmestre qui est responsable de faire respecter les mesures à travers sa police. On sait qu'on ne pourra jamais mettre un policier derrière chaque individu, dit-elle. J'observe cependant qu'il n'y a pas eu de foules massives sur les bords de la route. Si les équipes ou les coureurs sont la faille du système et communiquent les guides techniques, je trouve cela dommage. C'est aussi pour leur sécurité et pour qu'ils puissent courir que nous prenons toutes ces mesures", regrette-t-elle.

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