Jason Tesson : « J’ai du mal à me dire que je suis le meilleur »

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

C’est la grande victoire qu’il attendait. Doté d’une très bonne pointe de vitesse mais privé de la plupart de ses courses fétiches cette année en raison de la crise de coronavirus, Jason Tesson a longtemps eu peur de ne pas pouvoir démontrer toute l’étendue de son talent en cet exercice 2020, qu’il a souvent considéré comme capital pour espérer faire carrière. Ce samedi, le coureur de la Sojasun espoir-ACNC a peut-être fait un grand pas vers le monde professionnel en décrochant le titre de Champion de France Amateurs, sur le circuit de Grand-Champ, dans le Morbihan (voir classement). Une véritable délivrance. Je n’y crois pas encore… J’ai vu ma famille, la belle-famille, les gars du club… Tout le monde est dans la joie. Je n’ai pas encore pu les serrer dans mes bras. C’est top pour tout le monde !”, se réjouissait-il après l’arrivée auprès de DirectVelo.

« J’AI EU PEUR DE ME FAIRE BLOQUER »

Le coureur originaire de Loire-Atlantique a réglé, au sprint, un peloton très imposant. Mais ce scénario avait-il été véritablement imaginé avant le départ ? “On était venu dans l’optique de gagner. On n’arrive pas sur un Championnat sans y croire. On avait plusieurs options, notamment avec Jean-Louis (Le Ny) en échappée ou moi au sprint, même si on n’était pas du tout sur l’option sprint en début de course. Je ne pensais pas à un sprint massif, mais plutôt à un groupe d’une trentaine de coureurs, une quarantaine grand maximum. Mais à deux tours de l’arrivée, on s’est dit qu’il fallait la jouer comme ça, tout pour moi. Tout le monde a bien respecté les consignes, on a bien roulé à l’avant”. Les coureurs de la N1 bretonne n’ont pas hésité à se sacrifier pour leur sprinteur, ce qui lui a donné beaucoup de confiance. “Je pensais que ça allait monter plus vite dans la dernière bosse mais en fait, tout le monde avait un sprinteur dans son équipe. On a essayé de temporiser et les gars m’ont bien remonté juste avant de tourner à droite pour aller sur l’arrivée. Comme il y avait vent de face, c’était un sprint arrêté, jusqu’à la bascule”.

Le sprint n’était toujours pas lancé aux 300 mètres, ce qui a commencé à inquiéter le coureur de 22 ans. “Quand j’ai vu le panneau des 200 mètres, j’ai eu peur de me faire bloquer et de ne pas pouvoir déborder alors j’ai décidé de lancer. J’ai vu que des coureurs essayaient de me remonter… C’était chaud, mais ça l’a fait !”. Jason Tesson est donc parvenu à conclure et pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. Très fort physiquement, le garçon était toujours tracassé par des doutes. Un aspect psychologique qui aurait pu lui jouer des tours. “J’ai un tempérament qui me pousse à toujours me remettre en question. J’ai dû mal à me dire que je suis le meilleur. Ce sont des trucs à travailler. C’est plus psychologique que physique. Depuis la reprise, j’étais bien, c’est vrai, mais j’avais du mal à faire des résultats. Je me contentais de placettes. Je me disais qu’il me manquait un truc…”. Heureusement, il a donc pu compter sur un groupe solide et totalement dévoué autour de lui. “Les gars étaient là, ils m’ont rassuré. J’ai tendance à douter de moi dans les derniers kilomètres mais quand les gars roulent, je me dis qu’ils ne peuvent pas se mettre à la planche pour rien. Je ne pensais qu’à l’arrivée, et à finir premier”.

« JE NE SAIS PAS DU TOUT SI J’EN SUIS CAPABLE »

Présent parmi les meilleurs depuis le début de la saison, Jason Tesson se retrouve désormais avec le maillot bleu-blanc-rouge sur les épaules : la plus belle des récompenses après des mois particuliers durant lesquels il n’a rien lâché. “J’avais bien débuté la saison sur les Plages Vendéennes et le GP de Lillers, en Classe 2. Puis le confinement est arrivé. J’ai essayé de ne pas me relâcher puis de bien travailler en stage avec l’équipe. C’était dommage de ne pas pouvoir faire les Classiques mais c’est comme ça, je ne peux pas avoir de regrets. On doit prendre du plaisir sur la fin de saison, avec ce qu’il reste”. Et ce qu’il reste, justement, c’est notamment un très grand rendez-vous dès les prochains jours, du côté de Plouay, pour le Championnat d’Europe Espoirs. “Je ne sais pas ce que Pierre-Yves (Chatelon, le sélectionneur national, NDLR) a dans la tête. On verra jeudi. J’ai montré que j’étais capable de gagner un Championnat de France. Un Championnat d’Europe, je ne sais pas du tout si j’en suis capable. C’est un rêve, mais ça va vraiment dépendre de la course et des objectifs de l’équipe”.

Après avoir décroché le titre national, Jason Tesson devrait y aller beaucoup plus relâché et avec bien moins de pression, lui qui avait conscience de jouer gros ce week-end, à Grand-Champ. Il y a quelques jours encore, il souffrait terriblement dans les cols alpins, à l’occasion d’un Tour de Savoie Mont-Blanc disputé en qualité de stagiaire, dans l’équipe Rally Cycling. “C’est la première fois que je pouvais approcher le monde professionnel. Pour le Tour de Savoie Mont-Blanc, je ne pouvais pas refuser cette opportunité. Je savais très bien que ça allait être super dur, je n’avais pas fait de stage en montagne. Je m’étais plutôt préparé pour une course comme le Championnat de France. Mais c’était une superbe opportunité. J’ai souffert, mais c’était cool quand même !”. Et ça valait le coup. Après des mois coincé à la maison, le sprinteur aura vécu deux expériences particulièrement riches en ce mois d’août : en souffrant dans les cols savoyards puis en décrochant la plus belle des victoires nationales quelques jours plus tard. Jason Tesson attend désormais de capitaliser et décrocher un contrat professionnel pour 2021. “J’espère que ça va s’ouvrir mais à l'instant-T, je ne me pose pas du tout la question. Il reste encore des courses. Pour l’instant, franchement, je ne sais pas du tout ce que je vais faire”.



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