Au Tour du Doubs, seul l’apéro a manqué

Crédit photo Aurélien Regnoult - DirectVelo

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Daniel Mangeas a commenté pour les spectateurs le dernier kilomètre de la 9e étape du Tour de France. Le speaker ne se trouvait pourtant pas à Laruns ce dimanche mais à Pontarlier. Il restait alors quinze kilomètres avant l’arrivée du Tour du Doubs (1.1). Au matin de l’épreuve franc-comtoise, Jérôme Gannat, directeur sportif de la Groupama-FDJ WorldTour pour l’occasion, a dû lui répondre à des questions sur la défaillance de Thibaut Pinot la veille. Un coureur qu’il n’a plus dirigé depuis 2009. Saison exceptionnelle oblige, le Tour Poitou-Charentes, le Tour du Doubs et le Grand Prix d’Isbergues, des épreuves françaises de Classe 1, se retrouvent face à l’épreuve la plus médiatique de l’année.

«  UNE OCCASION DE S’EXPRIMER »

Au départ du Tour du Doubs, les principales équipes avaient aligné des garçons déçus de ne pas avoir été retenus sur la Grande Boucle, mais aussi des jeunes coureurs et d’autres en fin de contrat. Tous désireux de se faire remarquer ? Directeur sportif chez B&B Hôtels-Vital Concept, Gilles Pauchard assure que ses coureurs étaient motivés bien loin des Pyrénées où le Tour de France attirait toute l’attention ce week-end. “Ça serait dommage que des coureurs qui ont un avenir incertain ne soient pas motivés alors que c’est une occasion pour eux de s’exprimer”, juge-t-il.

A l’inverse des dernières années, il n’y avait pas de tête d’affiche sur cette édition 2020. “Les autres années, les gens voyaient une vingtaine de coureurs qu’ils avaient pu voir sur le Tour. Ce n’était pas le cas cette fois-ci”, indique, sans regret, Jean-Louis Perrin, l’organisateur. Pour Gilles Pauchard, le plateau restait de qualité. “Les meilleurs sont au Tour mais il y avait eu une sélection à faire pour le Tour. On n’a pas mis Tom-Jelte Slagter qui a gagné une étape de Paris-Nice et brillé sur des grandes courses”, rappelle-t-il. “Le niveau était encore élevé. Près de 60 coureurs arrivent devant. Ils se bagarrent au sprint pour faire des places”, apprécie Jean-Louis Perrin.

« PAS LE BUT DE METTRE DES COURSES FACE AU TOUR »

Le public n’a pas abandonné la manche de Coupe de France. Malgré l’absence de grands noms et la concurrence télévisuelle du Tour, il y avait du monde dès le départ sur l’immense place de la foire de Morteau. “On n’a pas eu l’impression qu’il y avait le Tour de France en parallèle car il y avait énormément de gens au bord des routes, juge Arnaud Platel, le directeur de la Ligue Nationale de Cyclisme. Même plus que d’habitude. C’était impressionnant de voir autant de monde dans les villages. C’est l’avantage du vélo. Ils peuvent voir le Tour du Doubs devant chez eux puis regarder l’arrivée du Tour à la télé”. Pour Jean-Louis Perrin, il y avait bien plus de public que ces dernières années. “Sauf que les gens ne s’empilent pas à l’arrivée mais il y avait du monde”, insiste celui qui a maintenu sa course par passion et pour les coureurs. Au sein de l’organisation, tout le monde est bénévole. “Personne ne gagne 50 balles dans l'organisation du Tour du Doubs”, rappelle le chef d’orchestre de la course qui a su conserver sa convivialité au fil des années.

Alors faut-il organiser des courses de Classe 1 en France face au Tour ? Oui, pour Gilles Pauchard. “C’est une grande opportunité pour ceux qui ne sont pas sur le Tour. Il  y a de la place pour d’autres courses. Habituellement, on va bien faire le Tour d’Autriche pendant le Tour. On viendrait s'il y avait des courses en France. Il y aura toujours un beau plateau”. Mais ce n’est pas le souhait de la Ligue Nationale de Cyclisme. “Ce n’est pas notre but de mettre des courses pendant le Tour de France, confie Arnaud Platel. On veut sortir les courses du week-end pour faire des semaines régionales, avec trois-quatre courses sur huit jours. C’est ça notre objectif. N’oublions pas que nous sommes sur une année exceptionnelle”. Satisfait du niveau sportif et de la réussite populaire, Jean-Louis Perrin voit un changement de taille par rapport aux autres années. “La différence c’est qu’après la course, on devrait aller boire l'apéritif mais cette année, on ne peut pas y aller”.

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