Pierre Idjouadiene et les 7 Majeurs

Crédit photo DR

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Quoi de mieux qu’une aventure de 363 kilomètres et plus de 10 000 mètres de dénivelé pour occuper une pause dans le calendrier. C’est l’épopée dans laquelle s’est lancé Pierre Idjouadiene. "Ça fait un ou deux ans que je suis inspiré par des gars qui font des dingueries comme ça, sourit-il. Je regarde des vidéos de gars comme Lachlan Morton (EF Pro Cycling). Je trouve ça hyper intéressant et inspirant". Le sociétaire de Natura4Ever Roubaix-Lille Metropole cherche alors son défi personnel. "J’avais 15 jours entre deux courses. C’était le moment ou jamais pour profiter des conditions estivales. J’ai connu les 7 Majeurs en discutant avec un soigneur de Roubaix, et Benoît Girondel, ultra-traileur, avait fait ça. J’ai pris ma décision le week-end dernier mais c’était réfléchi".

« DES IMAGES ANCRÉES »

Les 7 Majeurs sont une confrérie qui propose un parcours dans les Alpes, en passant par sept cols mythiques, tous à plus de 2 000 mètres d'altitude. Au programme, Izoard, Agnel, Sampeyre, Fauniera, Lombarde, Bonnette et Vars. "Réussir à le faire en moins de 24 heures, c’est déjà pas mal, ça correspond au grade de grand maître, se réjouit Pierre Idjouadiene. Je m’étais même rêvé à faire le record. Je ne sais pas vraiment si je l’ai fait mais je ne dois pas en être loin". La performance est notable avec 16h25 de selle. Avec un départ ce mercredi à 4 heures 15 et une arrivée à 22 heures 25. "Je me refusais de penser logistique avant le Tour du Doubs, c’était quand même la priorité. Mais dès la ligne franchie j’ai regardé pour m’organiser". Contraint de dormir dans le coffre de la voiture, le coureur de 24 ans bénéficie du soutien de sa compagne dans cette folle aventure.

L’aide de la part de ses proches lui est précieuse, aussi pour le matériel. "Je partais dans l’inconnu et j’ai fait ce que je pensais être le mieux dans la préparation, le vélo faisait trois kilos de trop mais j’étais prêt à tout affronter". Objectif réussi, et pas de problème, si ce n'est une averse, pour l’aventurier. "Je suis assez fier, l’envie était forte, j’ai suivi mon instinct. Et puis on verra bien, comme j’aime dire. Pendant 16 heures, on passe par toutes les émotions, l’euphorie, la dep, on trouve le temps long… mais à l’arrivée c’est une énorme satisfaction". S’il connaissait déjà la partie française, Pierre Idjouadiene découvre la partie italienne. "Les sommets sont hyper sauvages, les vues sont splendides. C’est presque un décor western de haute montagne. Dans la brume, j’avais l’impression d’être un gladiateur, plaisante-t-il. C’est époustouflant, j’ai des images ancrées et plein de souvenirs".

LES DEUX ÉCOLES DU VÉLO

Pour justifier l’initiative d’une telle sortie en pleine saison, l’ancien médaillé de bronze aux Europe juniors explique sa conception du vélo. "Il y a deux écoles. Ceux qui restent curieux, changent de discipline, aiment voir autre chose. Et ceux qui refusent les excès et restent dans l’optique entrainement, nutrition, etc. Moi j’ai mis les deux pieds dans la première". Pour Pierre le Lorrain, cela peut même "être mal vu". Mais il invite à ouvrir son esprit et imiter les anglo-saxons. "Lachlan Morton, son équipe lui fait participer à des événements comme ça. C’est intéressant aussi pour les sponsors de se représenter différemment avec ce type de défis, ça peut avoir de l’avenir. Lilian Calmejane a fait une sortie comme ça aussi au déconfinement, il a été critiqué mais certains ont aussi apprécié l’ouverture d’esprit". Pierre Idjouadiene conclut sur la balance à trouver entre les deux écoles.

Ainsi, dans une fin de saison qu’il imagine assez calme pour les équipes Continentales, l'ancien coureur du CC Etupes a pu tirer des enseignements. "Niveau mental, il y a une forme de dépassement et d’abnégation qui peut jouer en course". Avec l’absence de courses, les objectifs sont simples. "Juste me faire plaisir. On parle beaucoup des WorldTour qui ont un calendrier condensé, mais en Conti on a des trous au calendrier. Depuis la reprise en août j’avais beaucoup d’ambitions, mais j’ai pris un contrecoup qui a beaucoup joué sur le moral et la motivation. Alors on va aider les gars à gagner". Patience, avant de repartir à l’aventure. "J’ai encore mal aux pattes, rigole-t-il. On ne peut pas faire ça le mercredi et jouer la gagne le samedi, il faut attendre un trou au calendrier. Mais ça me donne l’envie de rouler jusqu’à la fin". Et pour s’amuser, Pierre Idjouadiène va participer à la cyclosportive qui lui est dédiée, en Lorraine. Baptisée ‘’L’Idjou’’, elle aura lieu ce dimanche.

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