De 50 000 spectateurs à un public en carton

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Le dernier week-end de janvier devait être l'un des plus beaux de l'hiver flamand. La ville d'Ostende, sur la côte belge, recevait le Championnat du Monde de cyclo-cross. Les températures froides, un beau ciel bleu le dimanche et un circuit tracé en partie sur « la reine des plages » : tout était réuni pour accueillir les spectateurs par dizaine de milliers. Au lieu de cela, les mesures sanitaires en vigueur ont laissé le public et les Juniors à la maison. Le Mondial de cross s’est déroulé devant 500 personnes, toutes accréditées.

Steve Chainel disputait ce dimanche son vingtième Mondial. Il n'en avait encore jamais, évidemment, couru dans ces conditions. "Ce qui me manque le plus, ce sont mes enfants. Mon fils a douze ans, il est fan de Wout van Aert. J'aimerais tellement qu'il vive un événement comme celui-là, dit-il à DirectVelo. Honnêtement, c'est très compliqué. On fait ce sport aussi pour vivre des émotions avec le public présent. On n'avait pas le frisson au départ”.

DES BRUITAGES QUI IMITENT LA FOULE

Pas de spectateurs au départ, mais bien des figurines à taille humaine en carton disposées sur la pelouse de l'hippodrome. "A l'échauffement, je me suis demandé ce qu'ils faisaient là", s'est étonné Yan Gras. Une banque, sponsor de l'organisation, a également installé de faux spectateurs, toujours en carton, dont les bruitages imitent une foule enthousiaste. "Pour moi, ça n'a rien changé. Je suis concentré sur ma course. Surtout que c'était dans la partie technique. Ici, c'est la terre du vélo, alors ça fait vraiment bizarre de courir à huis clos, même si, au fur et à mesure, on s'habitue", explique le Lorrain de 25 ans.

Le quadruple Champion du Monde, Mathieu Van der Poel, n'est pas plus enthousiaste à l'idée de courir sans soutien. "Gagner dans ces conditions, c'est un sentiment très bizarre. Je suis très content, mais on n'avait pas ce sentiment si particulier d'être au départ d'un Championnat du Monde. Il n'y avait pas de public. C'est très différent de d'habitude. J'avais l'impression d'être sur un simple petit cross". Le Néerlandais y trouve toutefois du positif. "Cela génère automatiquement moins de stress”, ajoute-t-il.

BAISSE DU COÛT DE LA LICENCE

Du côté des hautes instances cyclistes, on se félicite d'avoir pu maintenir le Championnat. "Je veux remercier les autorités belges, clame David Lappartient, président de l'UCI. Pour l'organisateur, c'est bien plus compliqué. Il met en place l'ensemble des protocoles. J'observe que tous les acteurs ont fait le maximum pour sauver la course." Le président de Belgian Cycling, Tom Van Damme, souligne également les efforts réalisés. "Beaucoup nous ont félicités. Ce sont des conditions impensables", dit-il. Pour pallier l'absence de revenus générés par la vente des tickets, l'organisateur a été soutenu par les fédérations. "Cet évènement aurait facilement attiré 50 000 personnes. Pour organiser sans ces recettes, l’UCI et Belgian Cycling ont fait un gros effort", explique Van Damme. Pour le plus grand bonheur des voisins néerlandais partis avec huit des douze médailles distribuées en Flandre-Occidentale.

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