Peut-on gagner le Nieuwsblad sans jour de course ?

Crédit photo James Odvart - DirectVelo

Crédit photo James Odvart - DirectVelo

Ce samedi, l'Omloop Het Nieuwsblad marque le début de la saison cycliste en Belgique. Ce rendez-vous incontournable du calendrier se déroule dans des conditions particulières puisque le public est interdit dans les zones de départ et d'arrivée, ainsi que dans les côtes et secteurs pavés du parcours. Contrairement aux années précédentes, les coureurs abordent cette épreuve avec peu ou pas d'épreuves dans les jambes. Bon nombre de courses de préparation ont été annulées ou reportées. Mis à part les épreuves françaises (GP La Marseillaise, Etoile de Bessèges, Tour de la Provence et le Tour des Alpes-Maritimes et du Var) et la Clasica d'Almeria, le peloton n'a pas eu grand chose à se mettre sous la dent. Ainsi, ils sont 40 sur les 175 engagés (voir ici), à se présenter sans le moindre kilomètre de compétition dans les jambes. Doit-on pour autant faire une croix sur ces coureurs ? "Désormais, avec les techniques d'entraînement et l'analyse des données, il est possible de faire des simulations de course. Ces coureurs ont toutes leurs chances", estime pour DirectVelo Michel Geerinck.

JUSTE UN AVANTAGE PSYCHOLOGIQUE ?

Selon l'entraîneur de Jasper Stuyven, le seul avantage que possèdent les coureurs ayant déjà épinglé un dossard est psychologique. "Ils ont déjà pu se rassurer sur leur condition ou pas. Ils savent mieux où ils en sont que les autres. Mentalement, ils ont un coup d'avance sur les autres car seule la compétition permet d'avoir une idée précise de son niveau de forme." Toutefois, ce n'est pas parce qu'un coureur a bien marché en février en France qu'il jouera aux avant-postes ce samedi et inversement. "L'année dernière, Jasper Stuyven n'était pas super bien au Tour d'Algarve et cela ne l'a pas empêché de s'imposer au Nieuwsblad". L'entraîneur de Bingoal-Wallonie Bruxelles Christophe Prémont pense quand même que les coureurs ayant déjà roulé sont plus à même de l'emporter à Ninove. "Malgré les simulations à l'entraînement, un coureur peut toujours davantage dépasser ses limites en course. De plus, il aura plus de facilité à s'habituer à des efforts intensifs sur une longue durée. A l'entraînement, on travaille beaucoup les intervalles de cinq, dix ou quinze minutes. Ce n'est pas la même chose que rouler à 45 km/h entre deux côtes flamandes". L'ancien coureur de Vérandas Willems donne l'exemple de Liège-Bastogne-Liège de l'an dernier, remporté par Primoz Roglic (Jumbo-Visma). "Quand on regarde le Top 20, la majorité sortait du Tour de France. Il n'y a pas de secret. Le corps est habitué à ce stress et à cette intensité." 

NE PAS LANCER LES HOSTILITÉS TROP TÔT

Le tenant du titre Jasper Stuyven n'a pas encore couru cette saison. Le coureur de Trek-Segafredo a passé plusieurs semaines en stage d'altitude à Teide, sur l'île de Tenerife, le nouveau paradis des coureurs. "Teide a la cote parce qu'il est vraiment possible d'avoir les effets de l'altitude, à condition d'y rester plusieurs semaines. De plus, les conditions climatiques sont généralement clémentes. A Calpe, l'environnement est parfait pour rouler mais tu n'as pas les bienfaits de l'altitude. Tu es presque obligé de prendre une tente hypoxique quand tu vas là-bas si tu veux y trouver les mêmes sensations", souligne Michel Geerinck. Normalement, Jasper Stuyven aurait dû enchainer avec le Tour d'Algarve mais la course portugaise a été reportée. Il a donc ajouté un stage à Denia en Espagne. "Il sera prêt à lutter avec le favori numéro un, Julian Alaphilippe. Ses données à l'entraînement sont aussi bonnes, voire meilleures que l'an dernier", selon son entraîneur. Toutefois, un scénario pourrait s'avérer plus favorable à son poulain : ne pas mettre en route trop tôt et retarder la décision finale le plus tard possible. "Il ne faudrait pas lancer les hostilités trop tôt. Si jamais Deceuninck-Quick Step fait la guerre dès le kilomètre 0, cela ne pourrait pas être génial car il faut toujours compter une ou deux heures pour mettre les jambes en route, surtout sur la première course. Traditionnellement, l'échappée matinale part et cela conviendra très bien à Jasper".

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Jasper STUYVEN