Gino Mäder : « J’ai passé une nuit terrible »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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C’est à n’en pas douter l’une des images fortes de l’édition 2021 de Paris-Nice (2.UWT). Samedi dernier, sur les pentes finales de la Colmiane, Gino Mäder - longtemps à l’avant et alors dernier rescapé de l’échappée principale du jour - a vu le maillot jaune Primoz Roglic (Jumbo-Visma) le reprendre et le déposer à une cinquantaine de mètres de la ligne d’arrivée. Le Slovène, très solide leader de la course à ce moment-là, a ainsi privé le Suisse d’un premier succès de prestige chez les pros. “Franchement, j’ai passé une nuit terrible. Je ne sais pas si c’était à cause de la caféine, de l’adrénaline ou de la fatigue… Mais bon, il faut passer à la suite”, lâchait le coureur de la Bahrain Victorious à quelques minutes du départ de la 8e et ultime étape, dimanche matin, à Plan-du-Var, pour DirectVelo.

24 heures après être passé tout près de la victoire, l’athlète de 24 ans avait encore du mal à totalement relativiser. “La déception est grande, bien sûr. Ce n’est pas tous les jours qu’on est rattrapé à trente mètres de la ligne… Mais c’est le jeu, c’est le lot des courses de vélo. 150 mecs essaient de gagner et il n’y en a qu’un qui le fait. Le meilleur coureur a gagné, et ce n’était pas moi. Je suis sûr qu’à l’avenir, il y aura d’autres occasions, d’autres courses sur lesquelles cette fois, ce sera moi le plus fort”, lâche-t-il avec confiance. C’est d’ailleurs peut-être bien un manque de confiance qui a coûté la victoire à Gino Mäder, en plus de l’accélération foudroyante de Primoz Roglic dans les 300 derniers mètres d’ascension. N’a-t-il pas attendu trop longtemps avant de fausser compagnie à ses derniers compagnons d’échappée, à 4,9 kilomètres de la ligne ? “C’est toujours facile de dire ça à la télévision, ou d’analyser après la course. Mais sur le moment, ce n’était pas aussi simple : je ne pensais pas être le plus fort”, concède-t-il après coup.

UNE CONFIRMATION APRÈS UN BON TOUR D’ESPAGNE FIN 2020

Surtout, le grimpeur invoque un choix tactique. “Dans une montée comme celle-là, je ne pouvais pas être tout seul. Il y avait des portions roulantes, et je préférais être dans les roues le plus longtemps possible car le phénomène d’aspiration était important dans ce col. Je voulais rester le plus longtemps possible avec (Neilson) Powless mais aussi avec (Kenny) Elissonde, vu qu’il a bien travaillé avec moi. Puis à cinq kilomètres de l’arrivée, je me suis dit qu’il fallait y aller, en attaquant de l’arrière. Je n’ai pas de regrets. Encore une fois, c’est facile de dire que j’aurais pu faire autrement, maintenant que c'est fait…”.

Déjà 2e d’étape à l’Alto de la Covatilla sur le dernier Tour d’Espagne, derrière David Gaudu (Groupama-FDJ), l’ancien double vainqueur d’étapes sur le Tour de l’Avenir 2018 confirme en tout cas qu’il est en train de passer un joli cap pour sa troisième saison chez les pros (retracez son parcours ici). “En tout cas, je l’espère ! J’ai déjà fait une belle Vuelta, c’était la première fois que je me sentais aussi bien chez les pros, capable de jouer quelque chose, à l’avant. J’ai fait un bon hiver, j’ai bien travaillé et ça porte ses fruits. On n’est qu’en mars, j’ai encore le temps de profiter de ma bonne condition”. Finalement 10e de ce Paris-Nice, l’ancien vainqueur d’étape du Tour Alsace (2.2) souhaite continuer de briller sur les courses WorldTour dans les mois à venir, notamment chez lui, en Suisse, lors du Tour de Romandie. “Je ne sais pas si je peux espérer y jouer un général ou si je tenterai d’aller chercher une étape. Tout ça dépend aussi de l’équipe. On a de grands leaders, plus complets que moi”, détaille celui qui devrait retrouver les routes du Tour d’Espagne en fin de saison. “J’ai beaucoup aimé l’an dernier, et c’est une belle course pour montrer mes qualités sur la fin d’année”.

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