Dans quel pays a-t-on le plus couru ?

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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A l'automne dernier, le calendrier cycliste 2021 suscitait l'espoir d'une moisson correcte. Mais la deuxième vague épidémique de novembre et la troisième actuelle ont fauché le blé en herbe. Tous les pays ont dû annuler et reporter des épreuves UCI ou nationales. Contrairement à l'année passée, l'UCI n'a pas arrêté le calendrier mais laissé la possibilité aux organisateurs qui le pouvaient de mettre sur pied leur épreuve.

Le coronavirus ne connaît pas de frontière. Si l'Australie a organisé son Championnat national aux dates prévues, le Tour Down Under a été remplacé par une compétition nationale et la classique Melbourne-Warrnambool, prévue le vendredi 13 février, a dû être reportée au 1er mai à cause du confinement éclair de l'état du Victoria.

PARTOUT, DES ANNULATIONS ET DES REPORTS

Si on se concentre sur l'Europe et les pays autour de la France, chaque nation adopte sa propre politique pour autoriser ou non les compétitions, et ces choix sont différents en fonction du niveau des pratiquants. Dans tous les pays, chaque fédération n'a pas d'autre choix que de respecter les règles imposées par son gouvernement. Et quand les courses sont autorisées, c'est toujours au prix du respect d'un protocole anti-covid.

Un des points communs entre tous ces pays est de laisser travailler les cyclistes pro, au moins pour l'entraînement. Mais tous n'en ont pas la même définition. En Belgique, seules les courses ouvertes aux équipes WorldTour sont autorisées. Les autres, toutes les autres, sont interdites jusqu'au 30 avril. En Belgique, il est ainsi impossible d'organiser une Classe 2, une course Juniors ou une course pour Elite sans contrat, depuis le début de saison. Gand-Wevelgem a pu avoir lieu, pour les Hommes et les Femmes, mais pas la Kattekoers, ni le Grand Prix André Noyelle, ni la version Juniors Femmes, trois manches inscrites au calendrier de la Coupe des Nations UCI.

La situation est différente en France comme le souligne Tom Dernies, recruté pas le club de N1 Dunkerque Grand Littoral-Cofidis. "Je peux me réjouir de pouvoir rouler en France. Si j'étais dans un club belge, l'histoire aurait été différente...". Dans l'Hexagone, les compétitions pour les Amateurs sont interdites. L'exception, ce sont les courses ouvertes aux professionnels et aux sportifs de haut-niveau qui, elles, sont autorisées à huis-clos. C'est ce que le ministère des sports appelle le "public prioritaire". À la demande de la FFC, le ministère a accordé ce statut aux clubs de N1, à tous les coureurs de 1ère catégories et aux Juniors inscrits sur les listes de haut-niveau (lire ici). Grâce à ce système, des courses Elite Nationale et Toutes Catégories ont pu avoir lieu depuis le mois de février et permettre à des 2e et 3e catégorie de courir. Outre-Mer, la situation est différente. En Martinique, seuls les contre-la-montre, individuels ou par équipes (de six) sont autorisés. Mais la répétition de ces chronos commence à lasser les coureurs et l'EC Ducossais a préféré annuler sa course en deux étapes (contre-la-montre individuel et par équipes) du week-end prochain. En Guadeloupe, après la longue mise au point d'un protocole, des courses Toutes Caté, mais aussi Cadets et Féminines ont eu lieu. L'activité du VTT et sur piste a aussi repris. En Métropole, les mineurs peuvent s'entraîner en club sans limitation du nombre de participants, ce qui laisse la possibilité d'organiser des entraînements dirigés (voir ici). 

UNE SEULE COURSE AUX PAYS-BAS

Plus au nord, aux Pays-Bas, les compétitions amateurs sont interdites à partir de 18 ans. En dessous, des courses réservées aux sociétaires du même club peuvent avoir lieu. Le calendrier hollandais ressemble à un désert avec les reports ou annulations de toutes les courses UCI : report du Tour de Drenthe Femmes et Hommes, annulation de l'Olympia's Tour (2.2U, 9-12 mars) et de la manche de la Coupe des Nations Juniors Femmes de l'Healthy Ageing Tour. La version Elite Femmes a été réduite d'une journée et s'est déroulée dans les conditions d'un huis clos drastique. La Top Competitie et les U23 Road Series n'ont pas encore débuté et les courses d'entraînement prévues en avril sont toutes annulées.

Au Luxembourg, il n'y a pas encore eu de courses sur route. Le Souvenir Marcel Gilles du 20 mars a été annulé. Le Festival de la Petite Reine prévu le 18 avril est annulé également, et les courses du VC Schengen du 24 avril reportées.

Du côté de l'Allemagne, la saison n'a pas repris et les annulations pour les prochains mois s'accumulent. Les coureurs allemands essaient de compenser avec des stages ou des courses à l'étranger et des compétitions virtuelles en réseau. Une manche de la Rad-Bundesliga qui devait avoir lieu le 29 mai a été annulée ce lundi, alors que la manche inaugurale, le Tour de Düren, inscrite au 18 avril, est annulée depuis un mois déjà. Le Tour de Cologne (1.1) prévu le 6 juin est aussi annulé.

Chez les Suisses, les courses du mois de mars ont été annulées comme le Grand Prix Crevoisier, ou reportées comme les Classiques du Littoral. La course du VC Excelsior à Martigny est maintenue le 11 avril (des Minimes aux Elites). Des montées contre-la-montre individuel "COVID-OK" sont programmées en avril à Gruyères, La Roche, Châtel-Saint-Denis et Semsales. 

LES CADETS COURENT EN ITALIE ET EN ESPAGNE

De l'autre côté des Alpes, en Italie, la saison des Elites-Espoirs et des Femmes a repris le 27 février. Depuis, les Juniors puis les Cadets ont aussi pu courir.

La saison européenne s'est ouverte en Espagne le 24 janvier avec le Grand Prix de Valence (1.2), et la victoire de Lorrenzo Manzin, il y a déjà deux mois. Mais le calendrier espagnol a connu bon nombre de reports : le Trophée de Palma, le Tour de Valence, la Ruta del Sol et la Semaine Cycliste de Valence. Les courses Elites ont repris au même moment qu'en Italie, fin février. Les Cadets et les Juniors peuvent aussi courir. Chez les voisins du Portugal, il n'y a eu encore aucune course sur route. Les Tours d'Algarve et d'Alentejo, deux courses UCI, sont reportées. Le démarrage de la saison des Elites doit avoir lieu le 10 avril à Anadia et le lendemain, à Aveiro, pour le traditionnel Prix d'ouverture. Ce sont les deux premières manches de la Coupe du Portugal. La semaine suivante, ce sera le tour des Juniors et des Cadets.

De l'autre côté de la Manche, en Grande-Bretagne, la fédération espère le retour des compétitions au niveau régional à partir du 12 avril. Il n'y a pas eu de course UCI sur l'île depuis... le Championnat du Monde au Yorkshire en 2019. Heureusement pour le cyclisme pro, les pays de vélo étaient là pour porter à bout de bras le calendrier international pour donner du grain à moudre aux coureurs.

Alors, après ce petit Tour d'Europe, on peut se demander quel pays a organisé le plus de jours de courses depuis le début de la saison. Pour cela, DirectVelo s'est lancé dans les additions.

MÉTHODOLOGIE

Tout d'abord, nous nous sommes restreints aux courses sur route jusqu'au 31 mars, en misant que les deux courses d'À Travers les Flandres auront bien lieu ce mercredi. Le Championnat de France de cyclo-cross des jeunes organisé en février n'est donc pas compté. Nous avons exclu du calcul les entraînements dirigés, les tests chronométrés, et pour l'Espagne, les courses réservées aux Masters.

Pour les contre-la-montre de Martinique qui concernent les Hommes et les Femmes (parfois Cadets et Juniors), nous n'avons compté qu'un seul jour de course. De même, les courses "social" en Espagne, les 1.40.5, qui regroupent toutes les catégories en une seule course avec des classements annexes, ne comptent que pour une seule course, dans la colonne des épreuves Elites-Espoirs. En revanche, quand il y a des courses séparées de Cadets, Féminines, Elites ou Juniors, au même endroit, nous avons compté un jour de course par épreuve. Par exemple, pour Gand-Wevelgem, nous comptons deux courses et pour la Coupe de Catalogne, quand il y a des épreuves Cadets, Féminines, Juniors et Elites, nous comptons quatre courses. 

Pour compter les jours de courses pour les Elites-Espoirs, Juniors, Femmes et Cadets, nous sommes allés éplucher les sites des fédérations étrangères qui publient leur calendrier, et dans le cas de l'Espagne, ceux des fédérations autonomes, pour essayer de n'oublier personne.

RÉSULTATS

Que ce soit en nombre de jours de course UCI (25) ou en nombre de jours totaux (57), c'est la France qui arrive en tête et la différence est encore plus grande en ajoutant les épreuves des départements d'outre-mer, Martinique, Guadeloupe et Guyane (76). La France est talonnée par l'Espagne (47 jours de course) qui réussit à organiser plusieurs compétitions chaque week-end dont profitent aussi des clubs français du sud pour venir courir. L'Italie (42 jours), qui elle aussi a redémarré les courses pour les jeunes, est sur la troisième marche du podium.

La Belgique, avec son activité concentrée sur les pros passe beaucoup à la télévision mais, même pour les épreuves UCI, elle est derrière la France et l'Italie en nombre de jours de courses. Les Élites sans contrat et les Juniors belges, eux, sont condamnés à regarder les courses devant leur écran.

Mais ces résultats sont une photographie et la situation peut très vite évoluer. Combien de courses pourront avoir lieu en France en avril si de nouvelles restrictions sont adoptées cette semaine ? 

 

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