Audrey Cordon-Ragot : « Ce n’est pas du tout une revanche »

Crédit photo Cloé COLINET / DirectVelo

Crédit photo Cloé COLINET / DirectVelo

Audrey Cordon-Ragot retrouve son trône. Quadruple Championne de France du contre-la-montre entre 2015 et 2018, la Bretonne avait dû céder le maillot à Séverine Eraud puis à Juliette Labous ces deux dernières saisons. Mais la sociétaire de la Trek-Segafredo a donc remis les points sur les I ce jeudi en passant la cinquième dans les rues d’Épinal (Vosges). Audrey Cordon-Ragot est revenue sur ce sacre (voir classement) auprès de DirectVelo en conférence de presse d’après-course. 

DirectVelo : Qu’est-ce que ça te fait de retrouver le maillot bleu-blanc-rouge trois ans après le dernier ?
Audrey Cordon-Ragot : Il y a deux ans, c’était la faute à pas de chance. J’avais perdu le maillot à cause d’un problème mécanique. L’année dernière, je suis tombée sur un os en la personne de Juliette Labous. Cette année, je reprends le maillot et je suis très contente. Je suis toujours motivée pour les Championnats de France, c’est toujours l’un des objectifs de ma saison. Peut-être encore plus cette année car il a fallu me recentrer après l’annonce de ma non-sélection pour les Jeux Olympiques. C’était donc mon gros objectif.

« JE ME SUIS FAIT PEUT-ÊTRE ENCORE PLUS MAL QUE LES AUTRES »

Est-ce une revanche, par rapport à cette non-sélection ?
Franchement, non. Ce n’est pas du tout une revanche. C’est vraiment un recentrage d’objectif. Je ne voulais pas rester sur cette déception, il fallait tout de suite rebondir et aller de l’avant. C’était important pour moi de montrer qu’il y avait match et que j’ai encore ma place au haut-niveau.

Comment as-tu géré ce chrono d’Épinal ?
Ce chrono m’a rappelé celui de la Haye-Fouassière, il y a deux ans, où il faisait très chaud, il fallait penser à bien s’hydrater et à bien gérer. M’hydrater, c’est quelque chose que je ne fais jamais pendant un chrono mais cette fois, je me suis forcée à boire deux fois et à prendre un bidon sur le bord de la route. Ensuite, il fallait bien gérer le final, qui était très difficile. Ce n’était pas forcément à ma convenance. Je suis partie prudemment. Quand j’ai vu que je n’avais que sept secondes d’avance sur Cédrine (Kerbaol), je me suis dit : « Wahou ! Soit elle fait un gros truc, soit je suis collée ». Et en fait, elle faisait un gros truc. D’ailleurs, je la félicite. Puis j’ai tout donné dans le final, avec un Samuel Dumoulin qui a donné de la voix dans la voiture, pour que je continue de pousser fort. J’avais l’impression d’être à bloc, je me suis fait peut-être encore plus mal que les autres.

Cette année, l’approche était peut-être différente des autres années car tu n’étais plus la favorite N°1, avec Juliette Labous que l’on imaginait capable de conserver son titre…
Mon dernier chrono date des derniers Championnats du Monde, je n’avais pas terminé loin du Top 10 (11e). Je savais que j’ai la possibilité de faire de bons chronos. J’ai la chance d’avoir du bon matériel avec la Trek-Segafredo. Avec Juliette, il y a match depuis quelques années maintenant. C’est ce qui nous tire vers le haut toutes les deux. Il n’y a aucune animosité, c’est de la pression positive. Quand je vois Cédrine à ma gauche, je suis hyper fière. Je vois qu’il y a des filles qui poussent. Ma carrière est derrière moi, prendre encore ce maillot, ce n’est que du bonus.

« JE NE VOULAIS RIEN LÂCHER »

Tout ne semblait pourtant pas réuni pour te voir l’emporter ce jeudi…
Je suis tombée il y a une semaine à l’entraînement, pour ma deuxième sortie avec mon nouveau vélo. Un accident tout bête, lors d’une sortie où je devais faire de gros efforts avec mon vélo de chrono. Je suis rentré chez moi, Vincent, mon mari, a réparé mon vélo et je suis repartie rouler avec mon vélo de route… J’ai fait des exercices de derrière scooter, j’étais en sang. Mais je ne voulais rien lâcher. Je sais très bien que les moments difficiles sont aussi ceux qui nous rendent plus forts dans la tête. Depuis une semaine, je galère et j’ai mal au genou mais aujourd’hui, je n’avais mal partout et nulle part à la fois. Il fallait supporter ça pour gagner.

Place à la course sur route désormais, où tu défendras ton titre !
Il y aura trois grosses équipes au départ pour tenter de déjouer le plan des filles qui seront seules. C’est un circuit difficile donc ce sera forcément plus en la faveur des filles en individuel dans le sens où il y aura peut-être moins de place pour la tactique. Mais il faudra être maline et jouer sa carte au bon moment. J’ai déjà un maillot sur le chrono, ça m’enlève de la pression pour samedi.

Est-ce le plus beau de tes cinq titres en chrono, étant donné que tu le récupères après deux échecs successifs ?
Tous les titres ont une saveur différente. Ils sont tous appréciés de la même manière. Porter le maillot est toujours une énorme fierté pour moi, peu importe comment, avec quelle manière il est gagné. Mais oui, celui-là était peut-être le moins attendu de tous, mais il a la même saveur que les autres. 

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