Romain Bacon se met « des petits challenges »

Crédit photo Philippe Le Cocq

Crédit photo Philippe Le Cocq

Les bras levés, les poings rageurs serrés, Romain Bacon a enfin renoué avec la victoire, en haut du mur de Montpinchon, ce mardi (voir classement). Il a remporté le Prix de la Saint-Laurent en solitaire… et il était temps. "Ça faisait longtemps que je n’avais plus gagné, je ne m’en rappelle même plus", sourit-il. Vainqueur du Chrono Champenois l’année passée, sa dernière en Elite remontait à une étape du Tour de la Manche, en mai 2019. "Montpinchon est l’une des courses les plus dures à gagner en France. Ça fait pas mal d’années que j’essaye... Même en étant en forme, c’est dur de gagner là-bas".

Unique coureur de sa formation en Normandie, il a fallu être malin pour battre les équipes organisées. "Je voulais attendre le plus longtemps possible. Au fur et à mesure, beaucoup de groupes se sont constitués. Ça a été une course de mouvement, plus rapide que ce que j’avais pensé. Donc il a fallu que je recolle les morceaux pour revenir sur la tête". Rapidement dans le bon groupe de dix, il restait encore le plus dur à faire. "À la fin, l’intensité était moins élevée. J’avais mal aux jambes parce qu’il y avait un faux rythme, j’avais peur de la première réaccélération. Quand ça remet en route, ça fait mal".

CORRIGER LES ERREURS DU PASSÉ

Romain Bacon fait jouer son expérience sur l’épreuve, notamment pour gérer le vent, qui soufflait de face d’un côté du circuit. "Il y a quelques années j’avais fait l’erreur d’attaquer en haut de la deuxième bosse à dix kilomètres de l’arrivée. Certains ont fait cette erreur. Ce sont des forces qu’on laisse avec un vent de face. Cette fois-ci, je voulais donc attendre le dernier moment". Il est finalement passé à l'offensive une première fois à cinq bornes du but. Sans succès, dans un premier temps. "Je me disais que j’allais encore faire six sur neuf dans une arrivée groupée. Mais les erreurs du passé ont fait que j’ai attaqué en bas de la dernière côte". Et cette fois, c’était la bonne.

Avec le mur final, l’opération n’était pas gagnée d’avance. "C’est un peu suicidaire, il faut connaître ses limites du moment. On peut vite être stoppé à 200-300 mètres de la ligne. Mais en habitant à Aix-les-Bains, j’ai un peu l’habitude de ces efforts sur ces montées. Quand Freddy Bichot avait gagné (en 2011, NDLR), j’avais attendu, j’avais lancé à 300 ou 400 mètres, mais c’était entre le pied et le sprint, alors tu n’as pas le temps de te refaire. L’expérience a fait que j’ai réussi à revenir sur l’avant, puis à attaquer au dernier moment"

« UN PEU PEUR QUE LE SCÉNARIO DE L’ESTIVALE SE REPRODUISE »

Devant les yeux de ses proches, présents sur la ligne, le coureur du CC Nogent-sur-Oise peut aussi compter sur l’aide précieuse des spectateurs. "J’ai fait confiance aux gens sur le bord de la route qui me disaient que ça allait le faire. Maxime Renault était aux 200 mètres, je lui avais dit la veille que j’allais à Montpinchon parce que je n’y avais jamais gagné, contrairement à lui. Il m’a dit « allez Romain, ça va le faire », je lui ai fait confiance. Mais dans les 100 derniers mètres on sent que ça pousse derrière, plaisante-t-il. J’avais peur de me faire reprendre aux 50 mètres. À l’Estivale, ça m’est arrivé, je m’étais fait reprendre juste avant la ligne par Sandy Dujardin et Gari Lagnet, j’avais un peu peur que ce scénario se reproduise"

Cette fois, Romain Bacon n’a pas gâché ses cartouches. "Il y a trois-quatre ans, je pense que j’étais plus fort que mardi. Pourtant ça ne l’a pas fait, je n’ai pas gagné. J’avais fait quasiment un tour tout seul et je m’étais fait reprendre à un kilomètre de l'arrivée. Là je pense que je n’ai pas gâché mon énergie en route, à vouloir absolument attaquer tout le temps". Une confirmation - avec sept jours de courses en dix jours - qu’il apprécie les enchaînements. "Comme d’habitude, je confirme que ça marche bien quand les jours s’enchainent. Mais une course n’est pas l’autre non plus. Gagner mardi ne veut pas dire que je vais sortir du lot dimanche, à Gavray. C’est la vérité du jour"

« JE NE SUIS PAS LASSÉ DES COURSES »

Souvent placé ces derniers temps, il a enfin connu son moment de gloire. Il a dû composer avec la frustration du Championnat de France du contre-la-montre, où il avait échoué à la 5e place chez les Amateurs. "Il faut être patient, et ça sourit au bout d’un moment. On gagne moins qu’on ne perd, mais des fois ça vaut le coup d’attendre et de persévérer". De bon augure pour la dernière manche de Coupe de France à Fougères. "J’espère au moins peser sur la course et remonter au classement avec l’équipe. Avec le Chrono 47, on est revenu dans le match pour le Top 5 ou le Top 3. Ça serait bien pour le club".

À 31 ans, l’ancien coureur de BigMat-Auber 93 n’est pas prêt à raccrocher. "Je me mets des petits challenges, comme à Montpinchon où je n’avais jamais gagné. Il y a le Grand Prix des Marbriers, que j’avais failli gagner en Classe 2". Il déborde donc d’idées pour les semaines à venir. "Je ne suis pas lassé des courses, surtout avec le Covid. On a eu pas mal de périodes à trous, ce n’est pas à mon avantage. Moi j’ai envie qu’il y ait le plus de courses possible. D’ailleurs j’étais déçu qu’il n’y ait pas une course le mercredi, au lendemain de Montpinchon", sourit Romain Bacon, qui compte bien faire parler son expérience et sa capacité à récupérer très vite pour les prochaines courses.

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