Clément Carisey : « Un énorme soulagement »

Crédit photo Julie DESANLIS / DirectVelo

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Clément Carisey l’a fait ! Le sociétaire de l'équipe Delko s’est imposé, ce vendredi, sur la dernière étape du Tour Poitou-Charentes en Nouvelle-Aquitaine (voir classements), au terme d'une longue échappée. Un grand moment dans la carrière de celui qui, à 29 ans, retrouve les rangs professionnels cette saison et décroche son premier succès dans l'Élite. Un moment très fort, aussi, pour sa formation, elle qui est particulièrement en souffrance cette année, tant sportivement qu'économiquement, et qui avait connu beaucoup plus de moments compliqués que de joies jusque-là. DirectVelo fait le point avec celui qui, grâce à ce succès, vient peut-être de s'assurer un avenir chez les pros. 

DirectVelo : T'imaginais-tu pouvoir jouer la victoire au moment de prendre l'échappée ? 
Clément Carisey : Non, ce matin en rigolant avec Ruslan (Ivanov, l’assistant de Delko), je lui disais : « Après l’étape, dans les cinq minutes, on part à l’aéroport. J’ai mon vol à Nantes ». Il m’a répondu : « Pense déjà à l’étape ». Je n’aurai pas mon vol finalement. Je déconnais en disant ça ce matin. On est quand même compétiteur. On pense d’abord à l’étape avant de rentrer chez soi.

Tu remportes une étape qui se termine souvent au sprint... 
Après les 100 premiers kilomètres avec vent de face, on s’est dit « Pourquoi pas », avec le retour vent de dos. Chez les Amateurs, j’avais souvent fait le Grand Prix de Buxerolles. C’était plus ou moins le même circuit dans l’autre sens. Le fait d’avoir fait le circuit dans ce sens-là, c’était plus à notre avantage à l’avant. Mais résister au retour du peloton, ce n’est pas forcément un scénario auquel on s’attendait. 

« ÇA ME SOURIT ENFIN »

Comment as-tu manœuvré pour te débarasser de tes compagnons de fugue ?
D’abord, dans le "creux", j’ai essayé de mettre une petite attaque en facteur juste pour voir. Je me suis fait un peu engueuler (sourire). Le Russe (Artem Nych) a monté le GPM à bloc. On pistait vraiment le mec de Rally (Robin Carpenter). Il appuyait les relais, il était costaud. En haut de la bosse avec le vent de côté, il a remis un coup. On s’est isolé à quatre. Au moment où Florian Maître et le Russe sont rentrés, je me suis dit qu’il allait peut-être y avoir un petit moment de flottement. On était deux avec mon coéquipier Julien Trarieux, alors autant essayer. On avait tous de l’acide dans les pattes. Il fallait serrer les dents et faire un petit trou. Tout le monde allait à la même vitesse. Le fait qu’on soit deux, ça a bien aidé, c’était vraiment un plus.

C'est un très grand moment dans ta carrière, sans doute le plus beau ! 

Je n’ai pas pu lever les bras, j’étais à bout de force. C’est un énorme soulagement. Je ne sais pas quoi dire de plus. J’attendais un bon résultat. Finir ce TPC comme ça, c’est génial. Après ça ne semblait pas si loin que ça de gagner chez les pros. Il fallait juste de la réussite. Aujourd’hui (vendredi), ça me sourit, enfin. 

« PERDURER DANS LE MILIEU »

T'es-tu servi de ton expérience chez les amateurs, où tu t'imposais souvent, pour aller gagner cette étape ?
Ça a un peu joué dans le final. Pour manœuvrer, c’était plus facile. Des réflexes sont revenus. Ce sont des trucs qui ne se perdent pas trop. Je me suis dit : « Pense à l’an passé ». Quand il y a quelqu’un, il suffit de mettre trois secondes de plus derrière. Ça fait la différence. J’attendais juste que ce soit un peu durci.

L'équipe vit une période très compliquée. Des éléments forts, Biniam Girmay et Clément Berthet, ont quitté le groupe au 1er août. Pierre Barbier s'est engagé avec B&B Hôtels pour 2022 et on sait que vous êtes tous à la recherche d'un contrat pour l'an prochain, au cas où. Cette victoire pourrait donc changer beaucoup de choses pour toi ! 
Je l'espère ! Mais ce n’est pas moi qui tiens les ficelles. Philippe (Lannes, le patron de Delko, NDLR) fait le maximum pour essayer de maintenir l'équipe. Je n’en sais pas beaucoup plus. J’espère ne pas retourner une deuxième fois chez les Amateurs. Je souhaite perdurer dans le milieu. Je n’ai déjà pas eu de chance quand Israel a fusionné avec Katusha il y a deux ans. 

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