Elle s’est d’abord révélée dans les sous-bois, en cyclo-cross, en étant régulière sur les grands rendez-vous mondiaux jusqu’à remporter, l’hiver dernier, la manche de Coupe du Monde de Tabor, en République tchèque, chez les Juniors. En brillant face aux Élites, aussi, comme lors de l’épreuve internationale de Troyes, en janvier dernier, où elle avait pris la 5e place. Puis Zoé Backstedt a récemment décidé de s’essayer à la route, avec une réussite plus impressionnante encore qu’en cross. Lauréate d’étape sur le Watersley Ladies Challenge, début septembre, pour sa première grande course internationale - manche de la Coupe des Nations -, la Britannique s’est présentée au Championnat du Monde sur route belge avec ce seul et unique point de repère. Suffisant, visiblement, pour s’élever au-dessus de la concurrence cette semaine. Dès l’épreuve chronométrée, la jeune femme a fait forte impression en allant décrocher l’argent, seulement devancée par la puissante russe Alena Ivanchenko, déjà sacrée Championne d’Europe à Trente (Italie) deux semaines plus tôt.

Ce samedi, lors de la course en ligne, elle s’est cette fois-ci comportée en patronne du peloton des Juniors féminines. En attaquant à plusieurs reprises, pour faire le tri, avant une attaque décisive à plus de 30 bornes de l’arrivée. La fille de l’ancien vainqueur suédois de Paris-Roubaix 2004, Magnus Backstedt, n’est accompagnée que de l’Américaine Kaia Schmid. Au propre comme au figuré, les deux athlètes ne se lâcheront plus jusqu’à la dernière ligne droite. “C’était vraiment une course difficile une fois que nous sommes parties toutes les deux à l’avant. Nous avons roulé à fond. Je me sentais bien mais ça piquait quand même dans les jambes… Je commençais à ressentir de la fatigue”.

Visiblement pas certaine de sa capacité à battre sa dernière rivale au sprint, Zoé Backstedt a tenté de lâcher l’Américaine à la faveur de certains monts. Sans succès. “J’ai essayé, pour voir ce qu’il allait se passer et comment elle réagirait. Je me débrouille bien en contre-la-montre alors me retrouver seule ne m’aurait pas fait peur. Mais elle a roulé aussi fort que moi et je n’ai pas été en mesure de la distancer. Ça m’a embêtée car j’aurais préféré finir seule”.

UNE PARFAITE MAÎTRISE DU FACE-À-FACE GRÂCE À LA PISTE

C’est donc au sprint que Zoé Backstedt a dû se montrer la plus forte. Mais là aussi, elle a démontré de belles qualités et une belle maîtrise pour aller chercher le titre mondial (voir classement). “Je voulais arriver la première dans le dernier virage, car c’était l’occasion de choisir ma vitesse et de m’assurer qu’elle ne puisse pas remonter, et ça a parfaitement marché”, se félicitait-elle auprès de DirectVelo après l’arrivée. “Depuis toute jeune, j’ai fait beaucoup de sprints sur la piste. Si tu te concentres bien sur ton duel avec ton adversaire, et que tu as confiance en toi, ça doit pouvoir marcher… J’ai bien observé son comportement et dès qu’elle a voulu lancer, j’y suis allée”. Pour ne jamais être remontée.

Une fois la ligne franchie, l’émotion a été immense et presque indescriptible pour la nouvelle porteuse du maillot arc-en-ciel, elle qui n’est que J1 et qui pourra donc porter le maillot en 2022. “Je n’ai jamais autant pleuré après une course ! En passant la ligne, j’ai réalisé que j’étais Championne du Monde. Tout ça me donne tant d’émotions ! J’ai hâte de porter le maillot en course…”.

Et ce samedi, en Flandres, il n’y a pas que Zoé - qui va maintenant se tourner vers la saison de cyclo-cross dès la semaine prochaine - qui a laissé couler quelques gouttes sur ses joues. “J’ai vu ma sœur après l’arrivée. Mon père aussi. Il commentait la course pour Eurosport. Il a pleuré quand j’ai franchi la ligne. Ma mère et ma soeur ont pleuré aussi. Tout le monde est heureux pour moi !”. Si Zoé Backstedt a du mal à réaliser ce qu’elle vient d’accomplir, nul doute que ses proches, et notamment son père, qui a lui-même connu tant d’émotions durant sa propre carrière cycliste, réalisent pleinement ce que vient d’accomplir leur protégée.