Mondial - Elites : Attaquer ou défendre dans ce tourniquet ?

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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Ce dimanche, le Championnat du Monde en Flandre va se conclure par la course en ligne Elites Hommes. À partir de 10h30, les coureurs vont devoir avaler 268,7 kilomètres entre Anvers et Louvain. La pancarte de favori est sur les épaules de Wout van Aert tandis que les blocs français, danois, néerlandais et italiens devraient être des acteurs importants. Les coureurs ont intérêt à avoir le parcours bien en tête. Après une quarantaine kilomètres en ligne, ils devront se farcir 1,5 fois le circuit local de Louvain, une fois le circuit flandrien, quatre circuits locaux de Louvain, une fois le circuit flandrien et deux fois et demi le circuit local de Louvain. Un marathon dans lequel ils auront 45 bosses à escalader.

LE CIRCUIT FLANDRIEN : « ÇA VA PÉTER SI ÇA ENCLENCHE »

Ces dernières semaines, certains ont pu prendre des repères en condition de course. La Course aux Raisins, remportée par Remco Evenepoel, s'est déroulée sur le circuit flandrien long de 32 km. Six ascensions figurent au programme : le Smeysberg, la Moskeestraat, le S d'Overijse, la Bekestraat, la Veeweidestraat et à nouveau le Smeysberg. Présent ce jour-là, le coureur de Tarteletto-Isorex Lennert Teugels se remémore : "Ça va péter dans tous les sens si ça enclenche. Les routes sont en bon état. Il y a des ralentisseurs ou des routes étroites. C'est un circuit idéal pour les puncheurs. Le seul truc que je n'aurais pas fait, c'est la Bekestraat qui est assez étroite avec un virage avant la bosse". Un avis partagé par le local Milan Paulus (SEG Racing Academy). "L'approche de la Bekestraat est de loin la plus dangereuse. Vous arrivez avec beaucoup de vitesse depuis une grande route. Ensuite, c'est un virage à gauche à 90 degrés. La Bekestraat est une montée pavée qui permet d'étirer le peloton. Le Smeysberg est la montée la plus difficile de tout le parcours. Un mur où c'est chacun pour soi. Une fois au sommet, ce n'est pas tout de suite plat et c'est là qu'on peut faire de vrais écarts. La Moskeestraat est moins difficile avec les nouveaux pavés. Le S d'Overijse est facile dans sa première partie. Dès qu'on tourne à droite, il faut vraiment être devant car sinon tu es presque à l'arrêt. Tu perds de l'énergie pour remonter. Par contre, la Veeweidestraat est anecdotique."

LE WIJNPERS ENCORE DÉCISIF ?

Le circuit de 15,7 kilomètres autour de Louvain, emprunté durant le Grand Prix Jef Scherens, ne fait pas l'unanimité. "Ce n'est pas terrible. Il y a quelques bons trucs comme le Keizersberg et le Wijnpers pour faire la différence, mais le Sint-Antoniusberg n'apporte rien. C'est juste étroit et dangereux. Il y a trop de virages et de routes étroites pour un Championnat du Monde. C'est déjà assez nerveux comme ça. Ce n'est pas la peine d'en rajouter", estime Lennert Teugels qui redoute les chutes lors du premier passage du peloton dans ce circuit après 45 kilomètres de course. "Au Grand Prix Jef Scherens, il y a eu cinq chutes au premier tour. Ça reste une course d'usure. Au Jef Scherens, il n'y avait que le circuit autour de Louvain et c'est juste une cinquantaine de coureurs qui se sont présentés pour l'arrivée. Il y aura quand même une sélection naturelle sans que ce soit la folie." En revanche, "si une nation est bien placée collectivement, c'est facile. Le reste doit freiner et relancer. C'est un vrai parcours d'intervalles. Celui qui peut aborder les bosses en tête a un avantage. Avec les virages, le peloton sera automatiquement étiré." Pour Milan Paulus, le Wijnpers (250 mètres à 8,4%) est le point névralgique du circuit. "Tu arrives avec beaucoup de vitesse et tu as un virage étroit sur la droite. Ça grimpe bien. Ça s'étire tout de suite et il y a moyen de faire une petite cassure. Ensuite, tu reprends la direction de la ville avec des routes étroites jusqu'au Sint Antoniusberg. Ensuite, tu reviens sur le ring pour jouer la victoire." Et à voir le scénario des courses en ligne jusqu'à présent, on ne peut que lui donner raison. Chez les Hommes Juniors et Espoirs, la décision est tombée dans cette ascension.

WOUT VAN AERT EN MODE DÉFENSE

Reste à définir le scénario de la journée d'une course, qui malgré les 45 difficultés répertoriées, pourrait être plus fermée qu'on ne le croit. En tout cas, le grand favori Wout van Aert aimerait s'épargner le plus possible. "Tout le monde se rend compte que j'ai les meilleures chances. J'ai confiance en l'équipe. Ils peuvent contrer de nombreuses attaques pour moi. L'attaque est parfois la meilleure défense oui, mais le scénario idéal pour moi en ce moment est d'aller dans le final en économisant de l'énergie. Je dois oser faire confiance à ma pointe de vitesse. Je n'ai peur de personne dans la dernière ligne droite. Si j'attaque, je risque fort d'être isolé." Comme on pouvait s'y attendre, Jasper Stuyven sera le dernier homme à être sacrifié. "Jasper Stuyven peut également l'emporter. Il doit être le gars qui doit rester le plus longtemps à mes côtés et entrer en action dans le circuit autour de Louvain. Dans sa ville, il sera le guide parfait." Par conséquent, Remco Evenepoel interviendra plus tôt dans la course. Il aura non pas un rôle de joker, mais de perturbateur. "Tout le peloton a peur de Remco, c'est une arme excellente. Si nous l'envoyons à l'avant, les autres devront être sur la défensive. Mais pour gagner, il doit arriver seul ... Nous devons être raisonnables et toujours courir pour me placer dans une position gagnante." Quant aux autres, ils seront de « simples » équipiers. Tim Declercq, Victor Campenaerts, Dylan Teuns, Tiesj Benoot et Yves Lampaert interviendront plus ou moins dans cet ordre pour aider le leader de l'équipe belge. Toutefois, aucun doute dans l'esprit des Belges, la guerre va commencer à 60 kilomètres de l'arrivée dans le circuit flandrien. "Un coureur de la trempe de Mathieu Van der Poel va lancer les hostilités, ou quelqu'un d'autre, sans doute des coureurs des gros blocs comme la France, le Danemark ou l'Italie", affirme Yves Lampaert. Si la course ne s'est pas décantée avant le dernier tour, le sélectionneur belge Sven Vanthourenhout aimerait avoir encore quatre Belges dans le peloton : deux pour contrer les attaques et un pour lancer le sprint pour Wout van Aert, Jasper Stuyven en principe. En cas de sprint, qui peut battre l'habituel coureur de la Jumbo-Visma ? Pour Dylan Teuns, un nom : Sonny Colbrelli, son coéquipier chez Bahrain-Victorious. "Il vole actuellement. Il peut oser attendre mais il le dit lui-même : le Championnat du Monde n'est pas un Championnat d'Europe."

JULIAN ALAPHILIPPE, LE VRAI LEADER DE L'ÉQUIPE DE FRANCE ?

Si les Danois vont essayer de la jouer à la Deceuninck-Quick Step (lire ici), la France, qui vient défendre son titre acquis l'an dernier à Imola avec Julian Alaphilippe, aura également son mot à dire. "Je démarre évidemment avec l'envie de prolonger mon titre. Maintenant, si je perds, ce sera plus un soulagement qu’une déception. Depuis un an, j’ai tellement eu à cœur, sur chaque course, tout le temps, de l’honorer, que je me suis rajouté de la pression, inconsciemment, et ça m’a fait faire des petites erreurs", déclarait le Champion du Monde vendredi en conférence de presse. Un message indirect pour laisser la place à un coéquipier ? Les solutions de rechange ne manquent pas avec Florian Sénéchal, vainqueur la semaine dernière de la Primus Classic sur un parcours empruntant les routes de ce Mondial. Benoît Cosnefroy, Anthony Turgis, Valentin Madouas ou encore Christophe Laporte sont également prêts à jouer leur carte. En tout cas, plusieurs Français prendront le départ en pensant qu'au bout de la journée, il y aura un maillot arc-en-ciel.

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