Le « feu d’artifice » de la Jumbo-Visma

Crédit photo Corentin Richard / DirectVelo

Crédit photo Corentin Richard / DirectVelo

“Regarde le classement général… Gijs (Leemreize) est 2e et il a moins d’une minute de retard. Johannes (Staune-Mittet) est encore 5e ! Et on a aussi d’autres mecs placés…”. Avec son index, Robbert De Groot pointe les noms de Loe Van Belle (11e) et de Darren Van Bekkum (13e) sur son téléphone. “C’est bien d’avoir quatre mecs dans le Top 15… Maintenant, tu as compris ce qu’il va se passer demain ?”, interroge et plaisante le directeur sportif de la Jumbo-Visma Development Team auprès de DirectVelo. C’était samedi en fin d’après-midi, au sommet du Plateau de Beille. Quelques minutes plus tôt, dans sa voiture, le technicien néerlandais avait vu le maillot jaune de l’épreuve, son poulain Johannes Staune-Mittet, perdre sa tunique de leader - notamment à cause d’une chute dans la descente qui précédait le Plateau de Beille -, alors même que son leader N°1, Gijs Leemreize, devait dans le même temps se contenter de la troisième place de l’étape, après que le Britannique Thomas Gloag (Trinity Racing) l’a fait craquer dans les pentes les plus raides de l’ascension finale.

Touché, mais pas coulé : la flotte venue des Pays-Bas comptait bien sortir la tête de l’eau et mener la vie dure à ses adversaires le lendemain, lors de l’ultime étape, histoire de renverser une dernière fois le classement général lors d’une Ronde de l’Isard (2.2U) riche en rebondissements tout au long de la semaine. “On va essayer de tout faire péter, la course est loin d’être terminée. On ne va certainement pas se contenter de la 2e place”, promettait alors le directeur sportif. Mission accomplie avec brio le lendemain.

LES DESCENTES ONT (AUSSI) FAIT LA DIFFÉRENCE

Dès le pied du Port de Lers (11.6 km à 7%), la fusée jaune-et-noir à plusieurs étages s’est mise sur orbite. Maillot à pois sur le dos, Johannes Staune-Mittet a fait plier une partie des rivaux de Gijs Leemreize avant même que celui-ci n’attaque. “On voulait monter à un gros rythme dès le pied du premier col. Il ne fallait surtout pas attendre”, expliquait le Norvégien pour DirectVelo, après l’arrivée. “Il a mis plusieurs accélérations et ensuite, c’était à moi de jouer”, enchaîne Gijs Leemreize. Ce dernier s’envole à 500 mètres du sommet et fait rapidement plier Thomas Gloag, le maillot jaune. “J’ai vu qu’il n’était pas top et j’ai vite creusé un écart de dix secondes”. Le Britannique perd pied sur la portion descendante. Pas franchement à l’aise dès les premiers virages, il part à la faute dans une légère courbe et se retrouve les fesses au sol. Par la suite, le lauréat de l’étape du Plateau de Beille n’a pas été en mesure de se relancer. Très tendu dans la descente, il a contraint ses derniers coéquipiers à l’attendre à plusieurs reprises. “Je ne savais pas qu’il était tombé, je ne l’ai appris que plus tard. J’étais concentré sur mon effort”, racontera Gijs Leemreize au pied du podium protocolaire.

Le Néerlandais a passé le Col de Latrape en tête, avant de foncer tête baissée, le corps complètement trempé par une pluie incessante, vers Saint-Girons. “Quand Gijs a mis la machine en route, ce n’était pas pour rigoler. Il a fait un sacré travail ! On voulait vraiment gagner et on est fier de ce que l’on a réalisé”, se réjouit Johannes Staune-Mittet, qui a lui-même été impressionnant dans la dernière descente, en rattrapant et lâchant plusieurs coureurs jusque-là intercalés entre l’homme de tête et son groupe de chasse. Gijs Leemreize, pour sa part, était tout bonnement sur un nuage. “Dans chaque montée, je creusais l’écart. Dans les descentes aussi… En fait, la météo m’a été profitable car je n’avais pas peur… J’étais en confiance dans les virages, même si c’était mouillé. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi mais c’était bien pour moi. Mais les 30 derniers kilomètres semblaient sans fin”, concluait-il, la voix encore tremblante, au cœur du camion servant de podium protocolaire. Une heure après l’arrivée, le directeur sportif de la Conti, Robbert De Groot, pouvait afficher un large sourire. “Alors ! Un feu d’artifice, pas vrai ?”. Comme attendu et imaginé, la Jumbo-Visma a mis le feu à la Ronde de l’Isard et aura eu le dernier mot. 

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Portrait de Gijs LEEMREIZE
Portrait de Johannes STAUNE-MITTET