Valentin Paret-Peintre : « J’ai dû m’excuser et prendre mes responsabilités »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Valentin Paret-Peintre a vécu une drôle d’année 2021. Une année inattendue, presque de bout en bout. Le pur grimpeur n’est pas parvenu à briller lors des courses par étapes sur lesquelles il avait l’intention de se distinguer. Inversement, il s’est mis en évidence sur des terrains où l’on ne l’attendait pas à pareille fête. Comment l’expliquer ? Quelles conséquences peut-il en tirer à deux mois de son passage chez les professionnels, dans la WorldTeam AG2R Citroën ? DirectVelo s’est entretenu avec le coureur de 20 ans.

DirectVelo : Tu sembles avoir vécu une bien drôle de saison ! Tu es passé à côté de plusieurs grands objectifs en montagne mais tu as brillé sur des terrains bien différents. Comment l’expliques-tu ?
Valentin Paret-Peintre : Je suis devenu plus complet. Sur les courses difficiles mais sans de longs efforts au seuil, je suis devenu beaucoup plus fort. En contrepartie, je suis passé à côté en montagne. Je n’étais pas au niveau auquel j’aurais aimé être. En début d’année, avec l’équipe, on s’est surtout concentré sur le fait de progresser sur les contre-la-montre ou les courses plates. On s’est moins concentré sur les efforts au seuil, typiques de ceux que l’on retrouve quand on monte un col en fin de course, par exemple. Quand on s’est remis à en faire, en montagne, ça n’a pas changé grand-chose.

On imagine que tu n’as pas perdu tes qualités de grimpeur pour autant. Par conséquent, le bilan de ta saison n’est-il pas malgré tout plus positif que négatif, si l’on se projette à moyen et long terme, vers tes futurs objectifs de carrière ?
Oui, c’est vraiment positif d’avoir progressé comme ça, sur des courses où ça roule vraiment vite dans le plat. Avec mon gabarit, ce n’était pas forcément gagné d’avance donc ça me rassure d’avoir beaucoup progressé dans ce secteur-là. Maintenant, j’espère retrouver mon niveau en montagne l’an prochain. Physiquement, je n’ai pas changé. Je n’ai pas pris de poids. Mais par contre, sur le vélo, je sens que j’arrive à remettre une dent et de la force quand c’est nécessaire, notamment pour relancer assis. J’ai eu moins de mal que l’an passé. Tant mieux car je devais progresser dans tous les domaines pour espérer passer pro.

Te voilà donc plus complet. As-tu pris du plaisir à bagarrer sur des terrains qui ne sont pas les tiens, ou l’as-tu simplement fait par contrainte car il n’y avait pas d’autre choix pour, selon toi, espérer devenir un bon coureur professionnel ?
C’était une nécessité. Mais j’ai quand même pris beaucoup de plaisir sur ces courses-là, que ce soit sur le Championnat de France ou lors de Paris-Tours, sur des chemins. C’était une première pour moi et j’ai beaucoup aimé. Bien sûr, à terme, je vais quand même me concentrer sur les courses montagneuses. C’est ce que j’aime le plus et ça reste ma qualité première. Mais il faudra continuer d’aller se mettre en difficulté sur des terrains qui ne m'avantagent pas forcément. Qui sait, peut-être que dans quatre ou cinq ans je serai à même d’aider les leaders de l’équipe sur des Classiques… C’est dur à dire à l’instant-T.

« C'ÉTAIT DUR POUR LA CONFIANCE, POUR L’ÉGO »

Progresser sur le plat, dans le vent ou les bordures est aussi l’occasion d’apprendre à ne pas se faire piéger avant les étapes de montagne, sur des courses par étapes !
C’était clairement l’objectif. Je voulais être plus complet pour être plus performant sur les courses par étapes. Pratiquement à chaque fois, il y a des étapes piégeuses à passer : des chemins, des pavés, des chronos. Il faut être complet pour jouer un classement général. Et j’ai progressé dans ce domaine. Sur le Tour de l’Avenir, par exemple, je suis content de la façon dont j’ai géré les premières étapes (27e du général après quatre étapes, avant d’abandonner le lendemain, NDLR). C’était dans ce but-là que j’ai travaillé le plat.

Et le chrono ?
C’est le domaine dans lequel je pêche le plus. Mais en Espoirs, chez les amateurs, c’est compliqué de juger car je n’ai pas disputé tant de chronos individuels que ça. Ce qui est sûr, c’est que j’ai bien travaillé, au centre, pendant deux ans. Mais il y a encore du travail, c’est sûr.

Tu sembles être un garçon qui a confiance en ses capacités. Il t’arrive souvent d’annoncer la couleur, en matière d’ambitions. De fait, comment as-tu vécu tes échecs successifs sur plusieurs courses par étapes ?
C’est vrai que je suis généralement quelqu’un de très confiant. Cette année, parfois, c’était dur à encaisser. Je pense par exemple à la Ronde de l’Isard. J’y étais arrivé avec de grosses ambitions. Clairement, j’espérais pouvoir gagner la course, ou au moins faire un podium. J’avais mis l’équipe autour de moi, à ma disposition. J’ai connu un jour sans au Plateau de Beille et c’était dur pour la confiance, pour l’égo. Ce sont ces moments-là qui vont me faire grandir. La prochaine fois, j’arriverai peut-être un peu mieux à gérer la pression ou la peur de mal faire.

« LE CÔTÉ HUMAIN EST SUPER IMPORTANT »

Ne te mets-tu pas, justement, trop de pression ?
C’est la question que je me suis posée en fin de saison. Sur la Ronde de l’Isard, j’avais clairement annoncé à toute l’équipe que je voulais faire un résultat et que je voulais qu’on m’aide pour ça. Je ne sais pas si c’est un problème ou non mais ce qui est certain, c’est que ça met une pression supplémentaire. Je ne sais pas si je peux dire que ça a influencé mes performances cette année. Généralement, j’aime bien la pression, j’arrive à bien la gérer. Mais il y a plusieurs pressions : celle que l’on se met, les attentes que l’on a envers nous-mêmes, et la pression que l’on te met. Quand tu demandes à tes coéquipiers de te sacrifier pour eux, ils ont forcément aussi des exigences derrière, c’est normal. Et c’est une pression différente de celle que tu te mets tout seul. C’est sans doute plus dur à gérer.

Comment se passe une fin de journée, une soirée, au milieu de tes coéquipiers, après un échec cuisant comme celui que tu as connu sur la Ronde de l’Isard ?
Chaque soir, on faisait un débriefing. Et le soir du Plateau de Beille, c’était le plus dur que j’ai eu à faire jusqu’à maintenant. Je pense que je vais m’en souvenir longtemps. Forcément, j’ai dû m’excuser et prendre mes responsabilités. J’avais merdé alors que l’équipe avait tout fait super bien. Le côté humain est super important. Je n’avais jamais eu à faire ça mais je pense que ça va me servir.

Tu as connu une saison faite de montagnes russes. À l’échelle d’une course, comme le Tour de l’Avenir, ou de périodes plus longues, comme récemment avec cette grosse déception sur la Ronde de l’Isard puis cette belle performance, le week-end suivant, à Paris-Tours Espoirs !
Totalement (rires) ! En mai, je me suis loupé sur l’Alpes Isère Tour puis j’étais bien au Championnat de France et au Tour de Savoie Mont-Blanc mais ça s’est terminé sur une déception. Puis j’ai gagné au Tour de Moselle alors que ce n’était pas forcément attendu. Sur le Tour de l’Avenir, j’étais ambitieux. J’espérais faire entre 5 et 10 du général… Sur l’Isard, je voulais gagner. C’était donc décevant et, au final, une saison en dents de scie.

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