Heinrich Haussler : « Totalement fasciné par ce sport »

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

Crédit photo Christian Cosserat - DirectVelo

Heinrich Haussler prend son pied dans les sous-bois. L’Australien de Bahrain Victorious a débuté le cyclo-cross sur le tard, lors de l’hiver 2019-2020. Présent ce dimanche sur la Coupe du Monde de Besançon (Doubs), le coureur de 37 ans explique à DirectVelo les raisons de sa venue dans la discipline.

DirectVelo : Pourquoi t’es-tu mis au cyclo-cross en fin de carrière ?
Heinrich Haussler : Si j’avais su que ça allait me plaire, j’aurais commencé plus tôt. J’adore vraiment ce sport, je suis totalement fasciné. En général, sur les Classiques, j’aime l’humidité, le froid et le mauvais temps. Ce sont des conditions qu’on retrouve en cyclo-cross. Je crois vraiment que cette discipline m’aide sur la route et surtout maintenant que je deviens plus âgé. J’ai 37 ans, j’ai besoin de cette intensité, de cette puissance et de cette explosivité pour emmener Sonny Colbrelli et Matej Mohoric sur les Classiques ou faire le train pour Phil Bauhaus. Je n’ai pas besoin de rouler quatre, cinq ou six heures. J’ai beaucoup d’années chez les pros, j’ai parcouru beaucoup de kilomètres et fait de nombreux Grands Tours. Quand tu prends de l’âge, tu deviens “diesel”. Tu dois t’entraîner de plus en plus pour être à la hauteur face à ces jeunes qui arrivent, qui sont très rapides et super forts.

« ÇA M’AIDE À PASSER L’HIVER »

As-tu des regrets de ne pas t’être lancé plus tôt ?
Je regrette à 100 % de ne pas avoir fait de cyclo-cross auparavant. Je suis content d’avoir expérimenté ce sport. C’est vraiment fascinant comme je le disais, je ne peux pas le décrire en quelques mots. Je veux essayer de faire du mieux que je peux. Ça m’aide aussi à passer l’hiver. Les courses sont si dures. Mon but est de les finir, je ne veux pas prendre un tour après 30 ou 40 minutes. Quand tu cours l’hiver, tu es super sérieux, tu t’entraînes dur, tu récupères, tu dors, tu manges de la bonne nourriture… En somme, tu fais tout pour être bien. C’est une autre raison pour laquelle je fais ça l’hiver.

Tu as commencé très tôt la saison puisque tu l'as débutée fin octobre…
J’ai fait une grosse pause pendant l’été, c’était mieux pour moi d’autant plus que j’étais focalisé sur Paris-Roubaix. En octobre, après la saison de route, j’ai juste coupé un tout petit peu mais pas comme les autres pros qui prennent habituellement quatre, cinq ou six semaines. Je suis resté concentré, j’ai démarré tôt en cyclo-cross. Étape par étape, je veux essayer de faire du mieux que je peux. Je suis vraiment réaliste. Je sais que je ne ferai jamais un Top 10 en Coupe du Monde. Ce n’est pas possible. Mes qualités techniques ne sont pas assez bonnes.

Combien de manches de Coupe du Monde et de cyclo-cross comptes-tu disputer cet hiver ?
Je ne suis pas sûr, mais au moins six ou sept manches de la Coupe du Monde. Au total, je ferai peut-être vingt courses. J’alterne aussi avec les stages de mon équipe.

Comptes-tu prendre part, comme fin janvier dernier, au prochain Championnat du Monde aux États-Unis ?
J’aimerais le faire mais je ne vais pas aller aux Etats-Unis pour finir peut-être 30e. La saison démarre très tôt sur la route, dès début février. Je suis payé pour courir sur la route, c’est la priorité. Je dois me débrouiller moi-même pour la logistique en cyclo-cross, c’est trop de stress.

« ILS ME DISENT QUE JE SUIS FOU »

Justement, comment es-tu accompagné durant l’hiver ?
À Besançon, ce week-end, j’ai quelqu’un de Merida pour m’aider. Il y a aussi quelques amis qui m’accompagnent. Je suis chanceux car Fribourg, où je réside, est seulement à deux heures d’ici. Quand je vais en Belgique, je paie des gens pour que tout soit parfait. Je veux me concentrer sur la course. Je veux bien faire l’échauffement et bien récupérer. Je ne veux pas rester cinq-six heures le lundi matin pour réparer et nettoyer les vélos. Je veux avoir le moins de stress possible.

De quels moyens disposes-tu ?
C’est terrible logistiquement ! J’ai juste ma voiture, j’achète quelques vélos... À Tabor, lors de la Coupe du Monde, je suis tombé pendant la course. Je saignais du côté droit, je n'ai pas pris de douche et j’ai directement conduit. J’avais sept heures de route. Je suis rentré chez moi à 2 heures du matin. Mes coéquipiers et d’autres personnes me disent que je suis fou. Je n’y fais pas attention. Ça endurcit. Tu n’as pas besoin que tout le monde fasse tout pour toi. Ça t’apprend à tout organiser pour l’hôtel, la mécanique, les tests PCR… Ça te fait rester jeune.

Combien de temps penses-tu encore continuer ta carrière ?
Je ne pense pas encore à m’arrêter. J’ai 37 ans mais dans mon corps mais dans ma tête, j’ai toujours 30 ans. Pour moi, ce n’est pas un travail. J’adore ce sport. C’est pourquoi ça rend plus simple le fait de se concentrer, de faire des sacrifices et d’être prêt pour les courses. C’est toujours fun pour moi. J’irai aussi loin que je peux. J’ai encore une année de contrat avec Bahrain Victorious. J’en aurai peut-être encore une ou deux après ça, mais ensuite ce sera fini.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Heinrich HAUSSLER