Mathieu Van der Poel : « Content de pouvoir suivre »

Crédit photo Pascal Van de Putte

Crédit photo Pascal Van de Putte

Pour la troisième fois consécutive, Mathieu Van der Poel a passé la flamme rouge du Tour des Flandres avec la perspective de se lancer dans un sprint à deux pour la victoire. Il y a deux ans, il était sorti une première fois vainqueur de son duel face au Belge Wout van Aert et ajoutait alors le « Ronde » à son palmarès. L’an passé, il était cette fois-ci surpris et battu dans un sprint à deux par le Danois Kasper Asgreen. Ce dimanche, c’est face au Slovène Tadej Pogacar qu’il s’est vu jouer la victoire dans un nouveau face-à-face. Mais Valentin Madouas et Dylan van Baarle sont rentrés sur le duo infernal dans la dernière ligne droite. Sans paniquer, le coureur d’Alpecin-Fenix est tout de même parvenu à prendre le dessus sur ses trois rivaux pour décrocher un deuxième Tour des Flandres, quatre jours après avoir déjà enlevé la dernière course de préparation, À travers la Flandre. Et dire qu’il y a 16 jours à peine, il n’avait pas encore lancé sa saison 2022 ! DirectVelo était présent à la conférence de presse du Néerlandais, après la course.

DirectVelo : Quand as-tu réalisé que les deux coureurs en contre étaient en train de revenir ?
Mathieu Van der Poel : Au tout dernier moment car j’étais vraiment concentré sur (Tadej) Pogacar. Dès que j’ai vu qu’ils étaient là, j’ai immédiatement lancé mon sprint.

Ce final était particulièrement haletant et tactique !
Oui mais je pense que c’est normal, en fait… Ça fait partie du jeu et du bluff dans un final à deux. Quand tu as un mec dans la roue dans le dernier kilomètre, tu ne vas pas l’emmener comme ça… C’est logique qu’il y ait un round d’observation.

C’est la troisième fois consécutive que tu abordes le final avec un seul rival… Comment vis-tu ces moments si particuliers ?
Honnêtement, ça va. Je ne ressens pas de pression particulière dans ces moments-là. Je me concentre simplement sur le sprint à venir. Aujourd’hui (dimanche), j’ai simplement essayé de lancer le sprint au meilleur moment possible. Je ne peux pas non plus dire que j’ai appris de l’expérience de l’an passé car je ne pense pas avoir commis d’erreur l’année dernière, comme je l’avais déjà dit à chaud. Kasper (Asgreen) était simplement plus fort ce jour-là. Quand un coureur est plus fort que toi, tu peux faire ce que tu veux mais tu seras quand même battu dans tous les cas. Sur ce genre de course, les meilleurs sont toujours devant. C’était encore le cas cette fois-ci.

« C’EST QUAND MÊME DOMMAGE POUR LUI QU’IL NE SOIT PAS SUR LE PODIUM »

As-tu eu peur de te faire piéger lorsque Tadej Pogacar a placé sa première très grosse accélération et qu’il a avalé un à un tous les rescapés de l’échappée, alors qu'il y avait peu de place pour passer ?
Non car même s’il y a eu un petit trou, je me sentais bien et j’étais confiant quant au fait de pouvoir suivre. Mais on ne sait jamais ce qui peut arriver sur ce genre de course. Même si tu te sens bien, tu peux aussi avoir de la malchance, tomber ou être victime d’une crevaison. En tout cas, c’est une course qui me convient parfaitement bien avec ces courtes ascensions. Il faut tout le temps s’employer et ça me plaît.  

Penses-tu que l’expérience a fait la différence étant donné que Tadej Pogacar disputait son premier Tour des Flandres ?
Non, je ne le crois pas. J’ai moi-même terminé 4e de mon premier Tour des Flandres (en 2019, NDLR). Ce qui compte, c’est d’abord d’avoir les jambes. Je m’attendais à ce qu’il soit très fort, il l’avait déjà montré lors d’À travers la Flandre même s’il avait manqué le bon coup. Il a montré encore une fois à quel point il est talentueux. Je crois que c’était mon meilleur Tour des Flandres. (Tadej) Pogacar était vraiment impressionnant dans les monts et j’étais bien content de pouvoir suivre le rythme (sourire). Surtout dans les deux derniers monts. Il était vraiment très fort et c’est quand même dommage pour lui qu’il ne soit pas sur le podium, il l’aurait mérité. En tout cas, j’ai travaillé très dur pour revenir à ce niveau. Vivre ça avec le public, c’était très différent des deux expériences précédentes (à huis-clos, NDLR).

Tu n’as repris la compétition que le 19 mars lors de Milan-San Remo et tu as immédiatement été très performant. Es-tu surpris ?
Non. Dès Milan-San Remo, je savais déjà que j’étais bien. Je l’ai dit quelques fois en interview depuis ce moment-là. Je connais mes qualités et je sais ce dont je suis capable. Je sentais que ça tournait vraiment bien à l’entraînement, même si c’est différent des courses. Un mois avant San Remo, j’aurais dit que c’était impossible mais pas depuis.

Wout van Aert n’était pas là ce dimanche…
Il aurait été devant avec nous, c’est sûr. J’aime courir avec lui, comme avec (Tadej) Pogacar car ce sont des coureurs qui n’ont pas peur d’anticiper. C’est le meilleur moyen de se retrouver entre hommes forts dans le final. Avec lui, ça aurait sûrement été encore plus spécial. J’espère qu’il retrouvera la forme pour Paris-Roubaix.

« JE N’Y PENSE PAS DU TOUT »

Le vainqueur du Tour de France peut jouer la victoire sur le Tour des Flandres. Est-ce que…
Non ! (éclats de rires en conférence de presse, NDLR).

Tu es sûr ?
Oui ! Je suis sûr. On a vu avec sa victoire sur les Strade Bianche qu’il est aussi un incroyable talent sur les courses d’un jour.

Mais toi ? Tu ne pourrais pas évoluer pour devenir un coureur de Grand Tour ?
Je n’y pense pas du tout et je ne crois pas, à l’instant-T, que ce soit possible, non.

Et maintenant ?
L’Amstel Gold Race, Paris-Roubaix et sans doute un nouveau stage d’entraînement avant le Tour d’Italie, que je devrais normalement disputer cette année.

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