Aurélien Doléatto : « Il fallait que j’arrête »

Crédit photo Aurélien Regnoult - DirectVelo

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Cette fois, c’est fini. Après avoir envisagé d’arrêter le vélo en août 2020, Aurélien Doléatto a décidé de raccrocher pour de bon en avril dernier. “Quand j’en ai parlé à mes proches, ils s’en doutaient. Tout le monde voyait que ça n’allait pas sur le vélo”, reconnaît le coureur de 25 ans, membre cette année de l’équipe Philippe Wagner Cycling.
Aurélien Doléatto a connu le très haut pendant ses années chez les amateurs - deux stages chez les professionnels, des sélections en équipe de France - et le très bas, avec un accident de voiture qui l’a plongé pendant trois semaines dans le coma (lire ici). Après une belle saison 2019, le 5e du Tour de Savoie Mont-Blanc (2.2) avait bien espéré un contrat pro mais aucune proposition concrète ne lui est parvenue. Depuis, l’ancien coureur de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme avait bien du mal à relancer la machine. Lassé, il a choisi de tourner la page après le Tour de Saône-et-Loire, mi-avril. Il explique son choix à DirectVelo.

DirectVelo : Pourquoi as-tu choisi d’arrêter le vélo ?
Aurélien Doléatto : Depuis 2020, je n'ai plus trop de motivation. Je n’ai plus envie de frotter. Je courais en queue de peloton. Je n’étais plus dans la course. Sur le vélo, je réfléchissais à ce je voulais faire si j’arrêtais… Je continuais car je ne savais pas ce que j'allais faire. J'espérais que ça revienne mais ça n’a pas été le cas alors autant arrêter le vélo. Le Covid m’a bien pris la tête en 2020. L’an passé, c’est reparti dans la même dynamique pour moi. Je n’avais pas de résultats, pas de motivation… J’ai arrêté le vélo début août, après le Tour de Savoie Mont-Blanc. Je suis allé travailler. Dans ma tête, le vélo, c’était fini.

« ÇA NE SERVAIT PLUS À RIEN »

Mais tu as rejoint une nouvelle équipe l’hiver dernier, la Philippe Wagner Cycling…
Deux-trois mois après le Tour de Savoie Mont-Blanc, l’envie est revenue. Je voulais refaire une vraie saison pour ne pas arrêter après deux mauvaises années. J’ai parlé avec plusieurs clubs, comme le VC Villefranche Beaujolais et Philippe Wagner Cycling. J’ai arrêté de travailler le 31 décembre. Je n’ai fait ensuite que du vélo. Mais sur les courses, je sentais que ça n’allait pas. Il fallait que j’arrête. J’ai abandonné le Circuit des Ardennes puis le Tour de Saône-et-Loire, qui restera ma dernière course. Au départ, je ne savais pas que ça allait s’arrêter ce week-end-là pour moi. Sur le chrono, je n’ai pas réussi à me faire mal comme avant. Le lendemain, j’ai pété très tôt. Je me suis dit que ça ne servait plus à rien. Il fallait tourner la page, faire autre chose.

Comment expliques-tu cette perte de motivation ?
Mon accident m’a stoppé mais je me suis arraché pour revenir à un bon niveau. J'ai fait une très bonne saison 2019, avec 70 jours de course. J’ai couru pour Arkéa et l’équipe de France cette année-là. J’espérais signer pro en fin de saison mais je n’ai pas eu de proposition. Je n’étais plus Espoir à partir de 2020. Il m’aurait fallu cinq à dix victoires pour passer au-dessus, gagner des Classe 2… En 2019, j’étais motivé car j’allais sur des manches de la Coupe des Nations avec l’équipe de France, je faisais des courses pro avec Arkéa et un beau calendrier avec Bourg. Mais je n’avais plus envie de faire des Toutes Catégories, des déplacements de malade…

« LE VÉLO, C’EST PARFOIS L'ENFER »

L’équipe Wagner postule au niveau Continental pour 2023. Ça ne t’a pas motivé ?
J’y suis allé pour ça à la base. Mais quand je réfléchis, courir en Conti ne me fait pas rêver. Quand je repense aux étapes du Tour de l’Avenir, j’en avais déjà marre de me prendre la pluie, de courir dans le froid… Je voulais limite abandonner alors que j’étais avec l’équipe de France. Le vélo, c’est parfois l’enfer. Ça vaut la peine de continuer si on est compétitif et si on se bat avec les meilleurs, sinon ça ne vaut pas le coup, et pour moi ça ne vaut plus le coup…

As-tu retouché au vélo depuis le Tour de Saône-et-Loire ?
Il faut que j’en rachète un (sourire). Je fais de la rando, je me fais plaisir. Ce que je veux, c’est prendre mes baskets et aller marcher dans la montagne. Ne plus me forcer à faire des exercices à l’entraînement… Il fallait faire un choix. J’ai travaillé en livraison en 2021. J’avais dit au patron que je retentais de faire du vélo à temps plein. Ça n’a pas marché, je suis revenu où je bossais et j’ai signé un CDI. Pour le moment, je ne me pose pas de questions sur le travail. On verra plus tard ce que j’ai envie de faire ensuite comme boulot.

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