Florian Sénéchal : « C’était idéal pour moi »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Le maillot bleu-blanc-rouge reste au sein de la maison Quick-Step Alpha Vinyl. Après Rémi Cavagna, c’est cette fois-ci Florian Sénéchal qui l’a emporté, dans les rues de Cholet, au terme d’une course parfaitement menée et qui s’est déroulée exactement comme il l’avait espéré, et imaginé (voir classement). Le Nordiste de 28 ans est revenu sur son sacre au Championnat de France sur route auprès de DirectVelo, en conférence de presse.

DirectVelo : Tactiquement, tu sembles avoir été parfait ce dimanche !
Florian Sénéchal : Si on attendait le sprint, Arnaud (Démare) ou Bryan (Coquard) auraient été plus rapides que moi. Je pouvais gagner, mais il fallait d’abord les user. Et en fin de compte, ils n’ont pas su suivre les attaques. Je me suis retrouvé à l’avant dans un petit groupe et c’était le scénario idéal pour moi. C’est ce que j’attendais. J’avais confiance en mes jambes et en ma puissance. J’aime les courses longues et intenses comme aujourd’hui (dimanche). Le parcours me plaisait également. Quand je l’ai reconnu hier (samedi), on était un peu fou-fou avec Julian (Alaphilippe), on était motivés. On avait tous les trois l’envie de bien faire, avec aussi Rémi (Cavagna). On savait que la Groupama-FDJ allait contrôler la course et qu’il faudrait attendre les deux derniers tours pour y aller. Arnaud (Démare) n’était peut-être pas aussi fort qu’on le pensait. C’était vraiment une course dure.

Étais-tu confiant pour ce sprint ?
Oui. J’aurais pu être bloqué dans un sprint à vingt ou trente coureurs mais là, à cinq, chacun était à sa place. Je savais que j’étais le plus rapide. Tout le monde voulait être dans ma roue. Les deux coureurs de la Cofidis ont lancé eux-mêmes, c’était le mieux pour moi. J’étais vraiment confiant.     

« IL N'ÉTAIT PAS SÛR DE SES JAMBES, J'ÉTAIS SÛR DES MIENNES »

Que ressens-tu avec ce maillot sur le dos ?
Je ne me suis pas encore vu en photo avec (sourire). La Marseillaise, ça fait bizarre. C’était assez émouvant, je n’avais jamais vécu ça dans ma carrière. J’ai hâte de retrouver ma famille, mes copains dans le camion… Je vais profiter sur la route du retour, rentrer à la maison, revoir sans doute l’arrivée… Puis voir à quoi ressemblera le maillot mais comme Rémi l’avait déjà cette année, je me doute de ce à quoi il va ressembler. J’ai hâte de rouler avec.

Comment fait-on pour gérer la course avec seulement deux coéquipiers ?
Chaque année, on vient avec une tactique différente. L’an passé, on savait que ce serait compliqué pour contrôler le circuit. Rémi voulait prendre sa revanche après le chrono et il avait fait un numéro à l’avant. Cette fois-ci, Julian reprenait la compétition. Il n’était pas sûr de ses jambes, j’étais sûr des miennes. Je devais me concentrer sur ma pointe de vitesse, en disant à Rémi qu’il pouvait tenter. Julian m’a dit qu’il n’était pas à 100% et qu’il allait me replacer. Puis j’y suis allé. Il y a deux ans, j’avais mis le peloton en file indienne pour Julian. Cette fois-ci, il m’a renvoyé l’ascenseur. On n’est pas que des collègues, on est des amis. Forcément, ça joue aussi. Même en n’étant que trois. Quand le maillot arc-en-ciel bosse pour vous, c’est sûr que ça donne envie. Ça me motive chaque jour, c’est un ami mais aussi un exemple pour moi.

C’est le plus beau succès de ta carrière !
Je suis déjà passé à côté de belles victoires. Depuis le début de la saison, j’ai connu des moments difficiles avec des chutes, des crevaisons, de mauvaises jambes… Ça ne voulait pas. Cette fois-ci, c’était la course parfaite. J’avais le mental, les jambes ont suivi. Le Championnat est une course particulière, on garde le maillot tout une année. Je suis vraiment heureux, pour moi comme pour ma famille.

« PEUT-ÊTRE QUE CE TITRE VA CHANGER QUELQUE CHOSE »

L’objectif sera désormais d’emmener ce maillot, vendredi, à Copenhague sur les routes du Tour de France !
Ce n’est pas moi qui décide. Malheureusement, je ne peux pas répondre maintenant. Mais j’en ai envie, bien sûr. Sur l’étape d’Arenberg, et à Calais, dans la région, sur les pavés, ce serait très beau. Peut-être que ce titre va changer quelque chose mais cette année, c’est très compliqué pour la sélection au sein de l’équipe. Rien n’est encore fait alors qu’on est bientôt au départ du Tour. Je ne suis que coureur. Ce sont aux dirigeants de prendre des décisions. En tout cas, porter le maillot de son pays, c’est quelque chose. Ce sont de belles couleurs, c’est une fierté. J’espère le montrer le plus possible en gagnant des courses, en levant les bras le plus possible. Ce serait encore au-dessus de ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Maintenant, il va falloir continuer de travailler dur.

Tu as toujours été un homme de Championnats, notamment avec ce titre chez les Cadets. T’es-tu toujours dit que tu finirais pas décrocher le Graal dans la reine des catégories ? 
Oui ! Ma femme est ma plus grande supportrice et elle m’a toujours dit que j’avais cette course dans les jambes. Elle m’a rappelé que je faisais toujours une superbe course au Championnat de France, depuis l’époque Cofidis. Le circuit était technique, avec des petites bosses comme j’aime, une arrivée en faux-plat montant… C’était idéal pour moi. Honnêtement, pendant la reco, j’étais vraiment confiant. Avant le départ, je le sentais bien. Ça ne s’explique pas, c’est comme ça. Maintenant, je m’imagine avec ce maillot sur les Classiques, sur Paris-Roubaix…

Dans un an, tu remettras ton titre en jeu à Cassel, dans ta région. T’en parlait-on déjà ?
Oui, on m’en parlait beaucoup. Ce sera encore un beau Championnat, et il sera encore une fois très dur. On sera toujours trois. Ou peut-être quatre, qui sait. Julian sera sans doute motivé car ce sera un parcours pour lui. Il aura peut-être une meilleure préparation que cette année. On remettra encore le titre en jeu avec encore des cartes différentes.



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