Sacha Prestianni : « Je pouvais craquer sur la fin »

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Crédit photo Arnaud Guillaume - DirectVelo

Quel raid de Sacha Prestianni ! Le Wallon s'est adjugé, ce mardi, la course de côte Junior d'Herbeumont après une échappée solitaire de 78 kilomètres (voir le classement). Le coureur de Crabbé Toitures-CC Chevigny empoche sa première victoire dans la catégorie et a montré de quoi il était capable, malgré une crevaison dans le final. Le Hutois est revenu sur le déroulement de sa journée, pour DirectVelo.

DirectVelo : T'attendais-tu à réaliser ce numéro au départ ?
Sacha Prestianni : Non ! Je savais que j'avais de bonnes sensations en ce moment, que j'étais en bonne condition. J'avais axé mes entraînements pour arriver en forme à cette période, avec le Valromey qui arrive. Ce sont des courses de préparation où je veux m'illustrer aussi. Mais je ne m'attendais pas à un numéro comme celui-là.

« J'AI VU QUE PERSONNE N'ÉTAIT DANS MA ROUE »

Tu es parti après 18 kilomètres. Pourquoi si tôt ?
Dans les premières bosses du circuit, je me sentais pas mal, j'avais de bonnes sensations. Je me suis dit que j'allais essayer de durcir la course dans les côtes suivantes. J'ai commencé à mettre un plus gros rythme dans le peloton et j'ai pris quelques mètres dans Les Minières. J'ai vu que personne n'était dans ma roue et j'ai poursuivi mon effort. Au sommet, on m'a dit que j'avais une minute d'avance, donc j'ai continué. J'ai essayé de gérer mon effort et j'ai pris du temps au fur et à mesure.

Tu as compté jusqu'à 2'40". Tu y as cru ?
Je n'y ai jamais cru. Même quand j'avais 2'40", je pouvais toujours craquer sur la fin. Il fallait toujours rester concentré. J'y ai seulement cru sur la ligne. J'essayais de ne pas trop pousser dans les descentes pour en garder dans les montées. J'essayais de garder un rythme régulier pour ne pas m'écraser dans le final. Dans la dernière côte, ça a été très compliqué de tout donner, j'ai perdu beaucoup de temps.

D'autant plus que tu as été victime d'une crevaison sur les circuits locaux...
Ça s'est passé en bas du Terme (la côte du circuit final, ndlr). La route était dégradée et je me suis pris un trou. J'ai tout de suite su que c'était mauvais. 100 mètres plus loin, je sentais que c'était crevé et j'ai dû m'arrêter. J'ai changé de vélo en vitesse. Ça s'est passé très vite mais j'ai quand même perdu beaucoup de temps. Je n'ai pas l'habitude de rouler avec ce vélo de réserve. J'avais plus de mal à négocier les virages, je perdais beaucoup de temps à cause de ça. Et en plus, on m'a informé avec de mauvais écarts. Je prenais mon temps alors que le peloton était beaucoup plus près...

 



DÉRAILLEUR BLOQUÉ

Comment as-tu géré les derniers kilomètres ?
À la fin, c'était très chaud. Dans le dernier kilomètre, je me suis retourné et j'ai vu un peloton conséquent derrière. J'ai tout donné mais j'ai eu un problème avec mon dérailleur dans le final. Mais je suis resté bloqué sur une bonne vitesse. Ce n'était pas comme si j'étais bloqué sur le petit plateau, donc ça allait. J'ai stressé dans le dernier kilomètre et j'ai dû relancer encore une fois pour arriver en premier.

Que représente cette victoire ?
C'est ma plus belle victoire, avec la manière en plus. J'en suis vraiment content. En stage en février, avec Laurent Mars (le manager, ndlr), on parlait des courses qui pouvaient me convenir et il m'avait chambré avec Herbeumont. Il m'avait dit que je pouvais la gagner facilement. Mais on ne sait jamais ce qu'il peut se passer, on ne sait jamais comment sont les sensations. J'y ai pensé pendant la course et c'est ça qui m'a donné encore plus envie de pousser.

Tu confirmes ta bonne forme après ton week-end au Luxembourg, où tu as enchaîné une 5e et une 4e place...
Il y avait un bon niveau, c'était des parcours avec des côtes plus courtes, sur un format de critérium. Les arrivées étaient plates, ça me convenait un peu moins bien. J'aime beaucoup les courses comme aujourd'hui, avec des bosses raides où il faut bien gérer ses efforts pour ne pas craquer. Mes routes d'entraînement, du côté de Huy, ressemblent à celles-ci. C'est plutôt le même dénivelé. Mais le week-end passé, j'avais de très bonnes sensations et j'étais donc confiant pour aujourd'hui.

OBJECTIF VALROMEY

Comment s'est passée ton intégration chez Chevigny, à l'intersaison ?
J'avais envie de faire davantage de courses UCI. Crabbé Toitures-CC Chevigny m'a proposé de venir et j'ai accepté. J'ai fait le stage avec eux en avant-saison et il y avait une bonne entente. J'aime beaucoup cette ambiance et cette mixité entre Flamands et Wallons. L'an dernier, j'avais déjà goûté aux courses UCI mais je n'avais pas beaucoup d'expérience. L'an passé, j'étais déjà ici mais je n'avais pas eu beaucoup de chance avec mon matériel. C'était un peu une revanche de revenir ici et d'y faire quelque chose.

Tu te sens progresser ?
En début d'année, j'avais des difficultés à me mettre dedans. J'avais de bonnes sensations mais pas beaucoup de chance sur les courses. Ici, mes dernières courses se sont bien passées avec trois Top 5 depuis fin juin. C'était une belle progression, et je me disais "pourquoi pas un podium ici ?". Mais on n'est jamais sûr de ses sensations et de ce qu'on va faire. Aujourd'hui, ça s'est conclu.

Quels sont tes prochains objectifs ?
Je serai sur le Valromey. Je l'ai fait l'an dernier, j'avais bien géré, j'avais acquis deux Top 20 sur deux belles étapes. Cette année, je suis confiant et détendu. On verra après la première étape, mais je ne vois pas pourquoi je ne ferais pas de bon résultat. Puis Aubel-Thimister-Stavelot, que j'ai déjà roulé l'an passé. Je sais comment ça se déroule plus ou moins. Je n'avais pas pu conclure à cause d'une chute et une rééducation avait suivi. J'espère que ça ira.

Comment vas-tu fêter cette victoire ?
Avec un bon Champagne, comme toujours, en famille. Surtout avec mes parents, qui sont toujours là. C'est grâce à eux que je peux réussir ça aujourd'hui. Sans eux, je pense que je ne serais même pas au départ.

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