La « course parfaite » des Juniors françaises

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Toute leur vie, les Juniors tricolores se souviendront où elles étaient le 9 juillet 2022. Une à une, les Bleues passent la ligne d'arrivée. Et à chaque passage, cette même phrase répétée : "Églantine a gagné". Lise Ménage, première arrivée, outre la Normande bien sûr, patiente quelques mètres derrière la ligne et joue la messagère. Chacune se rue ensuite, une à une, en fond de ligne pour tomber dans les bras de celle qui vient de décrocher le titre européen. Quelques larmes d'abord, et puis simplement des sourires, avant d'aller s'asseoir dans un petit coin d'ombre, au pied du podium. Puis vient la ferveur et une Marseillaise chantée à tue-tête par les coureuses et le staff. Les Bleues ont accompli ce pour quoi elles étaient venues dans la chaleur portugaise.

Sur le circuit d’Anadia (Portugal), elles ont fait la course souhaitée pour mettre sur orbite une Églantine Rayer sur une autre planète depuis plusieurs semaines. Face à deux Italiennes, la Normande n’a pas tremblé au sprint pour offrir au clan français le maillot de Championne d’Europe. “Les filles ont été au top. Elles ont appliqué le plan à la lettre. Elles ont été fortes collectivement et Églantine a été très forte individuellement”, savoure Émilian Broë, auprès de DirectVelo, avant de profiter de la cérémonie protocolaire (voir classement).

« IL FALLAIT DURCIR AU MAXIMUM »

Le plan était simple et s’est déroulé sans accroc. “Il fallait durcir au maximum la course si aucune nation ne le faisait. Églantine devait avoir le minimum d’adversaires dans le final”, rapporte le sélectionneur. “Mon rôle était d’être offensive pour durcir la course. J’ai attaqué à chaque tour”, relate Titia Ryo. À l’entame du quatrième et dernier tour, toutes les Bleues excepté Aurore Pernollet sont encore aux côtés de la future lauréate. Dans cette ultime boucle, les Françaises prennent leurs responsabilités. “J’ai attaqué avant la bosse”, indique Titia Ryo. Puis Julie Bego a tout fait exploser dans cette ascension, réduisant le peloton à une dizaine d'unités. Puis est venue l’attaque décisive de la double Championne de France. “Au moment où Églantine attaque, il restait juste un petit groupe en tête. Ce qui veut dire que l’objectif était atteint pour nous”, apprécie Lise Ménage.

Mais l’habituelle sociétaire de l’US Pétruvienne se retrouve à l’avant face à deux concurrentes italiennes, Eleonora Ciabocco et Federica Venturelli. Néanmoins pas une mauvaise situation pour le sélectionneur français. “Avec une seule Italienne, j’aurais eu peur car dans le peloton, les autres n’auraient pas fait confiance et auraient roulé pour un regroupement”, imagine Émilian Broë. Depuis le bord de la route, la Française reçoit la consigne de ne pas collaborer avec les Transalpines. “On savait que les Italiennes, à deux contre une, allaient rouler, et elles l’ont emmenée. C’était un sprint de costaud”. Difficile alors de battre la 2e de l’Alpes Grésivaudan Classic (WE 1.2).

« AVIDES D'EXPÉRIENCE »

Les Françaises avaient une entière confiance en la 3e du Championnat d’Europe 2021 - et médaillée d'argent jeudi sur le chrono individuel -. “On sait qu’elle a des capacités physiques exceptionnelles. On avait juste à lui faire confiance”, sourit Lise Ménage. “On savait avant la course que c’était pour Églantine. Le parcours lui convenait à merveille. Elle est en forme, on l’a vu face aux Élites à la Grésivaudan”, dit Titia Ryo. Pour Émilian Broë, il ne faut pourtant pas mettre Eglantine Rayer sur un piédestal. “Ce n’était pas forcément tout pour elle, assure-t-il. On en a discuté avec les filles. On l’a favorisée cette fois-ci mais ce rôle peut tourner en fonction des circonstances de course. D’autres filles étaient prêtes à assumer ce rôle-là, c’est ça qui était hyper intéressant. Elles sont hyper à l’écoute, avides d’expérience. Elles n’ont pas peur de perdre et ça leur a permis de gagner”.

Derrière, Lise Ménage s’est arrachée au sprint pour prendre la 6e place. “Je suis très contente de ma place mais surtout parce qu’on on a le titre au bout, c’est ça qui compte”. Titia Ryo est elle aussi comblée de bonheur après le sacre de sa coéquipière. “C’est la course parfaite. L’objectif est atteint à 1000%. C’est magnifique”.


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