Anthony Laurens : « Voir que je ne suis pas seul m’a soulagé »

Crédit photo William Cannarella / DirectVelo

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Ils sont nombreux à avoir été touchés par l’histoire de Victor Bosoni, ces 48 dernières heures (lire ici). Mais un jeune garçon en particulier a été marqué par l’interview du coureur du CC Étupes : il s’agit d’Anthony Laurens, sociétaire du Sprinter Nice Métropole. Espoir 1, il n’a plus pris part à la moindre compétition depuis Bordeaux-Saintes, en mars dernier. Une expérience amère. “Je me suis fait démonter sur le plat. Je manque de puissance, je n’ai rien pu faire”. Et il se reconnaît parfaitement dans le discours de son habituel adversaire dans les pelotons. “C’est presque mon jumeau ! Quand j’ai lu son histoire, c’est comme s’il parlait de moi, même s’il est un tout petit peu plus âgé”.

Le Bucco-Rhodanien, qui vit à Vitrolles, n’a en effet pas 20 ans mais 18. “Pour le reste, c’est la même”. Anthony Laurens souffre lui aussi d’un problème de croissance, d’hormones, et plus précisément d’un manque de testostérone. “J’ai 18 ans mais on me prend pour un petit, pour un jeune de 13 ou 14 ans. Au départ des courses en début d’année, ce n’était pas facile. J’en voyais certains se moquer de moi. Sur les manches des Boucles du Haut-Var, ça me faisait drôle sur la ligne de départ. Je voyais des anciens pros, des mecs costauds. Et moi, à côté, j’avais l’air un peu ridicule même si je n’y pouvais rien… Je me suis toujours forcé pour faire au mieux, pour faire le job, mais je voyais bien que j’avais une progression bien plus lente que les autres malgré mes efforts. C’est presque comme si j’avais les aptitudes physiques d’une femme”.

« EN PARLER ME FAIT BEAUCOUP DE BIEN »

Depuis de longs mois déjà, le Provençal a senti qu’il y avait un problème. “J’ai demandé à faire pas mal de prises de sang. J’ai toujours eu un problème de croissance, un retard… Mais là, ça devenait vraiment bizarre”. Jusqu’à ce que le verdict tombe. “J’avais fait une grosse préparation hivernale car je voulais me donner des chances de réussir dans le vélo. Je comptais ne faire que ça pendant un an. Mais au mois de mars, j’ai eu envie de laisser tomber. Ce n’était plus la peine. Je ne voyais absolument pas comment je pouvais progresser. Sur des tests d’efforts, je voyais des mecs progresser trois fois plus vite que moi. Je n’ai aucune puissance, je me fais éclater sur le plat, dans les petites bosses, au sprint… Partout, en fait”. Comme s’il ne luttait pas à armes égales avec ses concurrents. “J’allais à la salle chaque semaine pour du renforcement musculaire mais je ne voyais pas la différence”.

De fait, Anthony Laurens a décidé de stopper sa saison depuis désormais plusieurs mois. Et il va débuter un traitement le 10 août prochain. “Ma priorité, maintenant, c’est de pouvoir évoluer physiquement, de ne pas rester comme ça”, admet celui qui mesure 1m68 pour 46-47 kg. Un gabarit justement très similaire à celui de Victor Bosoni. “De toute façon, on n’a pas le droit de courir avec des niveaux trop faibles de globules ou autre, ni avec un traitement en parallèle sans autorisation”. À terme, le garçon ne désespère pas de pouvoir reprendre la compétition, dans d’autres conditions. Une chose est sûre : “le fait d’en parler me fait beaucoup de bien. Je me dis que les gens vont enfin comprendre mon problème, et comprendre que je n’y peux rien…”. Après l’annonce de l’arrêt de Victor Bosoni, Anthony Laurens a contacté son “compagnon de galère”. Pour partager leurs expériences communes. “Voir que je ne suis pas seul m’a soulagé”, assure celui qui travaille désormais dans la grande distribution - "où l'on me dit aussi que c'est drôle et courageux de travailler en étant si jeune..." -. En espérant que le meilleur soit à venir pour les deux jeunes garçons.

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