Louis Pijourlet : « On ne pourra jamais me l'enlever »

Crédit photo Tissot vélodrome

Crédit photo Tissot vélodrome

Vingt-quatre heures après les 60 minutes de son record de France, Louis Pijourlet est encore perclus de courbatures. Il a pu enfin manger normalement ce midi. Le sociétaire de l'AC Bisontine a touché du doigt la douloureuse réalité du record de l'heure pour établir le record de France à 51,044 km (lire ici). Alors qu'il commence à se rétablir, il a raconté son épopée à DirectVelo.

DirectVelo : Pensais-tu que ça allait être aussi dur ?
Louis Pijourlet : Je pensais que ça allait être très dur mais pas aussi dur ! Je me suis écroulé juste après l'arrivée. J'ai mis une demi-heure à pouvoir m'asseoir. Il a fallu me porter. J'étais congestionné, courbaturé. Michel Meunier (qui s'était occupé de la tentative de François Lamiraud, NDLR) m'avait prévenu qu'il existe une solidarité entre ceux qui ont tenté le record, et je le comprends maintenant. Il faut se faire mal comme jamais.

« MENTALEMENT, L'EFFORT EST MONSTRUEUX »

Qu'est-ce qui est si particulier par rapport aux autres efforts que tu as connus ?
Rouler vite, c'est une chose mais une tentative, c'est quelque chose d'énorme. Ce n'est pas que rouler vite. Il faut mettre en place la tentative et là, tout le mérite en revient à Morgan (Kneisky). Il faut se construire l'équipe, emmener plusieurs personnes avec toi dans le même sens. Il faut mettre au point le matériel dans la limite du budget, sans se noyer dans les possibilités existantes car il y a tellement de choses sur le marché. Il ne faut pas oublier de s'entraîner et, surtout, tu ne sais pas si ça va payer tant que tu n'as pas tenté. Mentalement, l'effort est monstrueux et c'est sur tes épaules que tout repose.

Comment s'est passée ta tentative sur le vélo ?
Avec Gaël Le Glédic, mon entraîneur, et Morgan on s'est calé sur un objectif. Les 27 premières minutes se sont bien passées, j'allais hyper vite, j'emmagasinais de la vitesse, Gaël m'aiguillait pour ne pas en faire trop. Mais à partir de là, c'était de plus en plus long.

Qu'est-ce qui s'est passé ?
J'ai eu du mal à rester concentré. Je me disais qu'il me restait tant de tours, tant de minutes. J'ai pris un coup au moral entre 35 et 40 minutes car je pensais qu'il ne restait plus que 20 minutes. J'ai commencé à flancher et c'est là que Gaël a réagi et demandé aux personnes au bord de la piste plus d'encouragements. Je me suis remobilisé. Les huit-dix dernières minutes, c'était un enfer interminable. Je n'arrivais plus à coller à la noire (la ligne de mesure de la piste, NDLR). À la fin, je n'étais plus lucide.

« J'EN AVAIS BESOIN À CE MOMENT DE MA CARRIÈRE »

As-tu suivi ton tableau de marche ?
Je voulais partir prudemment et accélérer à la fin mais j'ai fait l'inverse. Je me suis construit un petit matelas pendant 35 minutes et j'ai géré avec. Je voulais rester au-dessus des 51 kilomètres, je m'accrochais à ça car accélérer dans le dernier quart d'heure n'était pas possible.

Malgré tout, es-tu prêt à recommencer ?
Oui et non. Au début, j'étais persuadé de recommencer. Après deux heures, j'étais persuadé d'arrêter le vélo ! Mais ensuite, en parlant entre techniciens, on se dit, "le prochain on fera comme ci ou comme ça". Il y a des trucs qui donnent envie de recommencer. Mais dorénavant, j'aurai l'appréhension de savoir que c'est très difficile. Mais ce record, on ne pourra jamais me l'enlever. De l'avoir tenté, de l'avoir battu, d'avoir dépassé les 51 kilomètres. J'en avais besoin à ce moment de ma carrière.

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