Roland Thalmann : « J’attendais depuis très longtemps »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

À 28 ans, Roland Thalmann s’est offert son premier succès sur une course UCI. Ce jeudi, il a remporté la deuxième étape du Tour Alsace en prenant l’unique échappée qui a bénéficié de crédit auprès du peloton. Aux côtés d’une dizaine de coureurs, le Suisse a réaccéléré dans la Charbonnière, avant qu’un groupe de costauds ne se constitue dans la dernière montée, au Mont Saint-Odile. La décision s’est finalement faite au sprint dans ce groupe de cinq, et le coureur du Team Vorarlberg s’est surpris en domptant la concurrence dans un exercice qu’il maitrise peu (voir classement). Maillot de leader sur le dos, son objectif de classement général commence sur les chapeaux de roue. Roland Thalmann est revenu sur cette journée auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Comment s'est passée ton étape ?
Roland Thalmann : J'étais dans l'échappée avant la première montée, c'était le but de l'équipe de mettre quelqu'un devant si jamais le groupe était assez important, avec des grosses équipes représentées. Finalement c'était moi. Je sentais dans le groupe que tout le monde ne travaillait pas. Donc j'ai déjà essayé de faire les points des GPM, et aussi pour casser le groupe et se débarrasser de ceux qui ne travaillaient pas. On s'est retrouvé à deux (avec Ivan Moreno, NDLR). Je lui ai demandé s'il voulait y aller ou pas, et on a essayé, avant d'être repris par un petit groupe dans la dernière montée. Je me suis battu pour le maillot des GPM.

Comment as-tu abordé ce final, lorsque toutes les difficultés ont été franchies ?
Dans les 20-30 derniers kilomètres j'avais un peu peur parce que le sprint n'est pas ma spécialité. Je voulais juste rester dans le premier groupe pour prendre du temps en vue du général. J'ai vraiment souffert dans les 20 derniers kilomètres, ça a commencé à attaquer, c'était tactique. Dans les 300 derniers mètres je suis sorti de l'arrière à l'entame du virage, je l'ai pris à fond, j'ai pu faire un écart et y aller à bloc en espérant que ça le ferait. Je finis avec un demi vélo d'avance, c'est super.

« L’UNE DES MEILLEURES JOURNÉES DE MA CARRIÈRE »

Tu avais pu repérer l'arrivée en passant une première fois sur la ligne ?
Pas vraiment, je ne me souvenais pas trop. Je me souvenais simplement du virage, mais je ne savais plus exactement comment il était, à droite, à gauche, etc. Quand on est passé, je me suis juste dit que c'était technique, et qu'il fallait être devant et trouver le bon moment pour attaquer. Je ne m'attendais pas à batailler pour la victoire dans ce groupe, encore moins avec des gars du classement général. Il y a un peu de chance, clairement, mais parfois il en faut pour gagner !

Que représente cette victoire pour toi ?
C'est ma première victoire UCI, finalement ! C'est une grosse victoire, c'est quelque chose que j'attendais depuis très longtemps. En plus avec le maillot de leader, ce sera ma première fois dans cette position. Sur une belle course comme ça, c'est différent, c'est probablement l'une des meilleures journées de ma carrière. De l'autre côté il y a trois jours à faire, je dois rester concentré parce que plein de choses peuvent se passer. Au niveau du général notamment. Mais maintenant c'est du bonus, on verra au jour le jour.

« MAINTENANT ÇA PAIE »

Tu es dans une bonne forme, après ton Sibiu Tour, et ton Tour de Suisse...
En Suisse c'était une journée super, avec un gros résultat (7e de la sixième étape, NDLR). Je n'ai pas pu jouer le général, mais finalement le Tour de Suisse m'a donné une super forme pour la suite. Parce que j'ai eu quelques moments difficiles avec un bras cassé, j'ai mis du temps à revenir. Au Sibiu j'ai eu un peu de malchance, j'ai perdu beaucoup de places au général pour quelques secondes. Mais je sais que la forme est bonne, et maintenant ça paie.

Ces expériences en WorldTour avec la sélection nationale te servent...
C'était mon troisième Tour de Suisse. J'ai aussi participé au Tour de Romandie par le passé, c'est presque pareil, c'est sûr que je ne performais pas comme aujourd'hui, mais je sais qu'à chaque fois, ça me permet après la course d'avoir un pic de forme qui m'aide jusqu'à la fin de l'année.

Quelles sont tes ambitions à 28 ans ?
J'espère toujours aller dans une plus grosse équipe. Les dernières années ont été difficiles pour progresser, surtout en ces temps actuels. Mais on ne sait jamais. Avec cette victoire ça peut m'aider aussi. Mais je sais que c'est difficile, tu dois espérer, essayer... Si ça arrive, ça arrive, et si ça n'arrive pas c'est la vie !

« UN GROS COMBAT ENTRE NOUS CINQ »

Avant la course, tu étais désigné leader ?
On a beaucoup discuté avec Alexis (Guerin) et Riccardo (Zoidl). On avait beaucoup de cartes pour le général ou faire des résultats. On garde nos cartes aujourd'hui. On s'était dit que si un groupe comme celui qui est sorti aujourd'hui partait, il devait y avoir un de nous. Et le gars qui serait dans ce groupe aurait sa chance au général. On verra la suite, on a plusieurs cartes à jouer. Parfois c'est facile, parfois ça l'est moins de jouer avec plusieurs éléments. Mais avant la course on avait trois leaders. C'est moi qui suis le mieux placé, mais on ne sait pas ce qui peut se passer.

Demain il y a la Super Blanche des Belles Filles. Qu'attends-tu de cette montée ?
Je m'attends peut-être à ne pas avoir mes meilleures jambes demain (sourire). La journée a été difficile. Mais c'est une belle montée, j'aime bien s'il ne fait pas trop chaud. Parfois la température est assez folle, je ne sais pas pourquoi. Mais cette fois c'est la Super Planche pour la première fois, pas "seulement" la Planche des Belles Filles (sourire). Ça va être une nouvelle expérience. Mais les gars qui étaient devant aujourd'hui et qui ont pris une minute sur le reste sont en bonne position. Ceux devant n'ont pas seulement de la chance, ils sont aussi plus forts. Donc ça va être un gros combat entre nous cinq. Ça va se bagarrer dans la dernière montée, je pense que ce sera plus calme avant, parce que tout le monde sait ce qui va arriver à la fin. Et c'est très dur !

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