La FDJ-Suez-Futuroscope voit toujours plus haut

Crédit photo Amélie Barbotin

Crédit photo Amélie Barbotin

C’est un week-end que la FDJ-Suez-Futuroscope n’est pas près d’oublier. La formation WorldTour a décroché pas moins de quatre succès en 48h, sur deux fronts. La Danoise Cecilie Uttrup Ludwig a remporté l’étape reine du Tour de Scandinavie avant d’enlever le classement général final le lendemain. Pendant ce temps-là, l’Australienne Grace Brown puis la Bretonne Marie Le Net levaient successivement les bras sur la Périgord Ladies et la Picto-Charentaise, sur les terres de l’équipe. Tout un symbole. “Ce week-end, c’est quelque chose que l’on rêvait de faire depuis seize ans”, s’amuse Stephen Delcourt auprès de DirectVelo. Le manager de l’équipe n’est pas peu fier de ses troupes. “Gagner quatre fois en deux jours, dont deux fois en WorldTour, avec en prime notre premier classement général… C’est quelque chose. Il faut se rendre compte qu’il y a encore quelques années, on aurait signé pour gagner quatre courses dans l'entièreté d’une saison”, rappelle-t-il.

Stephen Delcourt voit beaucoup de symboles dans ces différents succès du week-end. “On gagne le Tour de Scandinavie avec nos trois Scandinaves (Stine Borgli, Emilia Fahlin et Cecilie Uttrup Ludwig, NDLR) et dans le même temps, on gagne sur nos terres. La Picto-Charentaise, je l’ai tracée moi-même avec Alain Clouet. On est parti de là où tout a commencé, là où l’on est nés, à Poitiers. Et on est arrivé dans ma ville de Châtellerault. Les sponsors étaient là, c’était un grand moment”. Sur deux épreuves de Classe 2, la WorldTeam n’avait pas le droit à l’erreur. “On avait tout à perdre, en quelque sorte. On était à la maison et sur le papier, on devait gagner. On voulait tout faire péter mais le vent n’était pas assez fort et ne nous était pas favorable”. Qu’importe : les filles ont fait le boulot et ont su l’emporter par deux fois. “Quand je vois le travail de Grace (Brown) pour Marie (Le Net) aujourd’hui (dimanche)... Et quand je vois que Marie n’a jamais paniqué de toute la course… Je me dis que l’on a encore passé un cap”.

APRÈS LE TOUR, LE GROUPE A VITE REMIS EN ROUTE

Une fois le Tour de France - très intense et riche en émotions de toutes sortes - passé, la formation tricolore est donc tout de suite parvenue à passer à la suite. “Sur le papier, je pouvais comprendre que les filles n’aient pas forcément la même envie que sur le Tour ou même pour Plouay dans quelques jours. Mais j’ai quand même senti le groupe toujours focalisé, avec une grande cohésion et une vraie conscience des enjeux”, se félicite Stephen Delcourt. “Le groupe est hyper professionnel et super impliqué. C’est très appréciable”.

Grace Brown, Marta Cavalli, Brodie Chapman, Clara Copponi, Vittoria Guazzini, Marie Le Net, Evita Muzic, Cecilie Uttrup Ludwig… Depuis le début de saison, pas moins de huit filles de l’équipe ont désormais eu l’occasion de décrocher (au moins) une victoire. Dans un effectif de quatorze athlètes. Avec un total - à ce jour - de quinze victoires. “On pourra toujours dire que certaines équipes ont fait encore mieux mais pour nous, c’est déjà énorme et une sacrée évolution”. Et désormais, la FDJ-Suez-Futuroscope voit toujours plus haut. Avec sa bonne humeur habituelle - que l’on imagine décuplée en ce temps de célébration -, Marie Le Net s’est ainsi laissée proposer à son manager de désormais viser le cap… des 20 victoires en 2022. “Il y a un effet de groupe qui marche super bien. Les filles sont décomplexées et ça fonctionne”.

LE TOUR D’ESPAGNE DANS LE VISEUR

Que demander de plus ? Les cases objectifs de la saison semblent avoir pratiquement toutes été cochées, à l’exception de ce podium sur le Tour de France qui n’a pas été atteint avec la lourde chute de Marta Cavalli puis le coup de moins bien de Cecilie Uttrup Ludwig sur la dernière journée, à la Super Planche des Belles Filles. “On a gagné l’Amstel et la Flèche wallonne, on a fait 2 à Liège, 2 au Giro, 5 aux Strade et à Roubaix, 6 au Tour des Flandres… Puis sur le Tour, malgré l’étape de Provins qui aurait pu nous faire complètement rater la course, on a gagné le lendemain… Avant que Cecilie ne craque le dernier jour. Mais on n’a pas à rougir. On a fait 7 et 8 du général avec un tempérament offensif”.

Alors, maintenant ? De quoi rêvent Stephen Delcourt et son groupe pour cette fin d’exercice annuel ? “En début de saison, on avait notamment ciblé pour objectif de viser le podium sur chacun des trois dits Grands Tours. Il nous reste encore la Vuelta”. L’épreuve espagnole, créée en 2015 sous un format de course d’un jour, ne cesse de grandir et proposera en septembre prochain, pour la première fois, cinq jours de compétition. “Pour le reste, on continuera d’essayer de jouer les premiers rôles sur toutes les courses”.

TOUJOURS LE MÊME DÉSIR DE STABILITÉ ET DE CONTINUITÉ

Avec, déjà en tête pour le manager, la préparation de la prochaine saison. Il sera, encore et toujours, question de stabilité et de continuité dans la construction du groupe. “Malheureusement, Brodie (Chapman) va quitter l’équipe. Ce n’était pas une volonté de notre part mais elle considérait arriver à un stade de sa carrière où elle souhaitait avoir plus de responsabilités”. Or, avec des filles de la trempe de Marta Cavalli ou Cecilie Uttrup Ludwig dans l’effectif, sans compter Evita Muzic qui devrait être amenée à prendre de plus en plus de poids et de place dans le groupe, les places de filles protégées se font chères. “On ne pouvait pas lui mentir, lui promettre un rôle qu’elle n’aurait pas eu”. Inversement, Stephen Delcourt se félicite de ses contrats longue durée, avec Vittoria Guazzini, Marie Le Net, Evita Muzic et Jade Wiel qui sont toutes quatre liées à l’équipe jusqu’à… fin 2025.

Mais en attendant la suite, et avant de se projeter vers les semaines à venir, place à un petit moment de plaisir et de bonheur simple et authentique, partagé avec une partie du groupe. Quelques heures après ce week-end riche en émotions, Stephen Delcourt, le staff et les filles présentes sur le front hexagonal n’avaient plus qu’à savourer ce grand moment au restaurant, autour d’une coupe de champagne. “Avec une grosse pensée pour le front scandinave également”. Et nul doute que, plus au nord sur le globe, l'autre partie du groupe a aussi bu sa petite coupe.

 

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