Thomas Voeckler : « On peut faire n’importe quel scénario… »

Crédit photo Patrick Pichon - FFC

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La France a perdu, ce dimanche à l’autre bout du Monde, son maillot arc-en-ciel. Après les deux sacres de Julian Alaphilippe, les tricolores doivent cette fois se contenter de la médaille d’argent, obtenue au sprint par Christophe Laporte et ce derrière un intouchable Remco Evenepoel (voir classement). Même si le titre n’est pas là, le sélectionneur Thomas Voeckler savoure cette breloque, auprès de DirectVelo, alors que la course ne s'est pas toujours passée comme prévue pour le clan tricolore.

DirectVelo : Quel était le plan au départ de ce Mondial ?
Thomas Voeckler : L’idée était de ne pas attendre. On ne voulait pas une course qui favorise les équipes qui avaient un coureur rapide. Nous, nous avions des coureurs pour différents registres. Il ne fallait pas avoir peur même s’il restait encore de la distance après le Mont Keira. La course ne s’est pas totalement passée comme prévue mais cette partie-là, oui… C’était un groupe intéressant pour nous, avec cinq Français et deux Belges. Ce n’était que le début de ce Mondial, le but n’était pas de prendre en main toute la course. Il fallait que la situation bouge. Derrière, d’autres nations ont dû travailler. Devant, nous étions bien. 

Puis à cinq tours de l’arrivée, vous avez accéléré mais Remco Evenepoel a suivi le mouvement…
On voulait créer un groupe mais la consigne était de ne pas collaborer s’il y avait Remco. On avait tellement peur... Ce n’est pas contre lui mais il est tellement fort. Le groupe était fourni. Il y a eu un petit moment où on a vu Florian (Sénéchal) passer quelques relais. 

Pourquoi ?
Il a roulé un petit peu car nous avions Romain Bardet. Il aurait fallu avoir dans ce mouvement Julian (Alaphilippe), Benoît (Cosnefroy) ou Valentin (Madouas) qui accompagnent. Mais ça n’aurait rien changé du tout. Quand on voit le niveau de Remco… Je savais que c’était fini quand j’ai entendu que (Alexey) Lutsenko et Remco avaient cinq secondes d’avance. Avec ces deux-là… Avant que j'apprenne la 2e place de Christophe, j'ai dit que ça ne pouvait pas marcher à chaque fois. Le plus fort a gagné. On peut faire n’importe quel scénario, faire n’importe quelle course… Aujourd’hui, encore une fois, le plus fort de tout le peloton a gagné, ce qui n’est pas toujours le cas. Il mérite largement sa victoire. 

« IL FAUT VRAIMENT AIMER L'ÉQUIPE DE FRANCE »

Et il y a cette médaille d’argent presque inespérée pour la France !
Quand j’ai entendu que Christophe avait fait 2e, j’ai demandé si c’était sûr. Je n’avais pas les images. J’ai parlé avec les gars à l'arrivée, ils sont allés chercher cette 2e place. Ils ont repris les groupes avant de lancer Christophe. Si aujourd’hui il y a des oreillettes, Remco gagne mais nous derrière, on ne va pas chercher la médaille d’argent. Un double Champion du Monde qui roule à 17 kilomètres de l'arrivée alors que c’est perdu pour la victoire, il faut vraiment aimer l’équipe de France et avoir un bel état d’esprit. 

Finalement, la France s’en sort plutôt bien…
Il y a une part de chance car pour moi, à cinq kilomètres de l’arrivée, on n’allait rien avoir du tout. On finit 2e derrière un coureur intouchable. Je pensais vraiment qu’on n’allait rien ramener. Mon concept, c’est la victoire et on tente tout pour ça… Quand j’ai vu Julian rouler avec un retard de 2’30’’, en le doublant avec la voiture, j’ai failli lui dire d’arrêter mais les gars sont sur le vélo, ils savent ce qu’ils font et ils y ont cru jusqu’au bout. Depuis trois jours, on a mis Christophe en confiance. On savait que ça pouvait revenir dans les derniers kilomètres pour la victoire. Là, il y avait un coureur hors catégorie devant alors c’est revenu pour la médaille d’argent. Celle-là, je la savoure. 

On te sent effectivement soulagé…
J’aime bien quand il y a une justice. L’année dernière, la victoire pouvait nous revenir car on avait pris nos responsabilités, aujourd’hui la Belgique a été offensive. Le meilleur coureur du jour a gagné. Wout van Aert a joué le jeu derrière, ce n’était donc pas que de la communication de sa part avant la course. Félicitations à la Belgique.

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