AS Bike Racing : « C'est magnifique »

Crédit photo Clémence Ondet

Crédit photo Clémence Ondet

Pour l’AS Bike Racing, ça sera la fête pas loin de la maison. Ce dimanche, les six athlètes de l’équipe alsacienne seront au départ de la Coupe du Monde de cyclo-cross disputée à Besançon. Parmi eux, une certaine Hélène Clauzel, qui portera le maillot bleu-blanc-rouge de Championne de France acquis il y a deux semaines à Bagnoles de l’Orne. Avant le rendez-vous bisontin et à une semaine du Championnat du Monde, où l’AS Bike Racing aura là aussi ses six représentants, DirectVelo a fait le point avec Guillaume Annoye, manager de la structure.

DirectVelo : Hélène Clauzel va courir la Coupe du Monde de Besançon avec le maillot bleu-blanc-rouge sur le dos !
Guillaume Annoye : Courir à Besançon, en France, sur une finale de Coupe du Monde avec le maillot bleu-blanc-rouge, c’est magnifique. Il va y avoir une sacrée ambiance. L’an passé, c’était un truc de malade. Les sœurs Clauzel et Lauriane (Duraffourg) ont fait leurs études là-bas. On est tous impatients d’être à Besançon. Hélène va essayer de rester dans le Top 10 au classement général de la Coupe du Monde (elle est actuellement 10e, NDLR). David (Menut) va continuer à grappiller des points UCI pour monter sur les lignes. S’il pouvait partir deuxième ligne au Mondial, ce serait quand même pas mal. On a des espoirs, tous nos athlètes sont qualifiés pour le Championnat du Monde. Besançon, c’est un passage qu’il faut honorer.

« IL NOUS A APPRIS LA RIGUEUR »

Que représente le titre de Hélène Clauzel pour l’AS Bike Racing Team ?
On a conservé notre titre. L’an dernier, c’était Line Burquier qui avait été sacrée. Ce maillot, on l'avait gagné mais on ne l’a pas eu au final (elle a changé d’équipe à l’issue de la saison 2021-2022, NDLR). Ce Championnat de France Femmes, à Bagnoles de l’Orne, c’est une des plus belles courses que j’ai pu voir. C’était indécis jusqu’au bout. Quand j’ai vu Hélène passer la ligne, c’était un soulagement. Je donne énormément de ma personne. Je pars de la maison tous les week-ends, ce sont des sacrifices humains. J’ai deux enfants et une femme qui me laissent vivre ma passion. Tout le travail et les sacrifices faits en amont ont payé… C’est une victoire d’équipe.

Nathan Bommenel est reparti avec l’argent chez les Espoirs…
On travaille avec Nathan depuis deux ans. Il a un potentiel énorme. Avec sa 6e place à Zonhoven, il était venu pour le titre. C’est une course d’un jour et Martin (Groslambert) était plus fort, c’est indéniable. Il y a une frustration. Il a vraiment craqué au retour au logement. J’ai passé beaucoup de temps à discuter avec lui. Je lui ai dit que c’était l’apprentissage. Pour l’année prochaine, on va tirer les leçons. Est-ce qu’il lui manquait de la fraîcheur ? Psychologiquement, a-t-il eu trop de pression ? Mais c’est une très belle 2e place. Ce n’était pas son jour, il y en aura d’autres.

De son côté, David Menut est arrivé au pied du podium…
Il était déçu (lire ici). C’est sûr que ce n’est pas ce qu’il était venu chercher, et nous non plus. Il méritait le podium, il y a eu quelques erreurs mais c’est une très belle place. Quand il dit après sa course qu’il va fêter le titre d’Hélène Clauzel, c’est beau. C’est ce que je vais retenir. Il a beaucoup transmis aux filles de l'équipe. Ils font les reconnaissances ensemble. Elles voient des trajectoires totalement différentes de l’année dernière. Il y a une évolution très importante grâce à David. Il nous a appris la rigueur. Je retiens son état d’esprit. Il est arrivé chez nous en étant détruit par des histoires extrasportives. On s’est lancé un challenge, celui d’avancer ensemble. Je lui ai dit que ce qui m’intéressait, c’était qu’il soit bien dans sa tête. Il était 68-70e mondial, aujourd’hui, il est 28e. Il n’a jamais autant performé à l'international. C’est sa plus grosse saison de cyclo-cross. C’est quelqu’un qui a besoin d’être entouré, d’avoir un accompagnement convivial.

« LE BILAN EST EXTRAORDINAIRE »

La saison est déjà réussie ?
Quand je vois qu’on est la cinquième équipe derrière quatre formations belges, je me dis « wahou ! ». On a de très petits moyens par rapport à d’autres écuries et malgré tout, on est au contact. Je suis satisfait à 100 %. Avoir pris un logement permanent en Belgique nous a fait économiser de l’énergie. Ne plus faire 1000 kilomètres par semaine, ça a permis d’obtenir ces résultats. Aux États-Unis, en début de saison, on met nos deux athlètes dans le Top 10. Le bilan est extraordinaire. J’espère qu’on fait rêver les jeunes et que ça va continuer dans les années à venir.

Si la saison se déroule très bien, Olivia Onesti a quitté la structure il y a quelques semaines…
Pour moi, c’est un échec sportif et humain. J’ai beaucoup de respect pour elle. Olivia est une fille adorable, elle a tout pour réussir. Je lui souhaite le meilleur. Sa vision et la nôtre ne collaient simplement pas. J’ai pris la décision de mettre fin à son contrat. Ça ne peut pas toujours fonctionner. Je reste persuadé qu’on se croisera dans les années à venir.

DEUX RECRUES POUR LA SAISON PROCHAINE

À quoi va ressembler l’AS Bike Racing Team la saison prochaine ?
On ne va pas changer grand-chose. Je veux garder tous les coureurs actuels. J’ai 20 demandes en attente, notamment venant de Belgique. La question se pose : est-ce qu’on reste 100 % français ou passe-t-on à l’international dans notre recrutement ? En quatre ans, on a ramené six titres de Champion de France. Quelle est l’étape au-dessus ? Ce sont les podiums internationaux. Je reste persuadé que quand tu es bien accompagné et bien dans ta tête, tu peux faire de grandes choses. Un Belge et un Néerlandais ont deux bras et des jambes, comme les Français. Il faut continuer à creuser dans la méthode de travail qu’on a mise en place. On va peut-être faire une saison un peu différente.

C'est-à-dire ?
Il va falloir continuer à entretenir la culture de la gagne. L’année prochaine, le maillot bleu-blanc-rouge viendra sur des courses françaises. On n’ira jamais sur une course régionale pour vendre le maillot de Hélène. Il doit être visible au niveau national et international. On a été contacté de nombreuses fois pour aller sur des épreuves régionales. J’ai toujours refusé et je refuserai toujours catégoriquement. Je ne fais pas du sport argent, mais pour avoir des résultats. L’équipe est porteuse, mais je n’ai pas cette culture. Il faut se battre avec les meilleurs pour être le meilleur. Pourquoi aller sur des courses régionales ? Tu ne respectes pas la personne qui a un boulot de 39h à côté… Quel intérêt pour lui et pour nous de lui mettre un tour ?

Combien y aura-t-il de recrues ?
Nous avons deux places ouvertes dans l’équipe. On n’en prendra pas plus, c’est sûr. Je veux continuer à faire du qualitatif. Les athlètes qui seront susceptibles de rentrer dans l’équipe doivent coller à l’état d’esprit. Les relations humaines sont importantes. On s’appelle avec les athlètes pour prendre des nouvelles de la famille. C’est hyper important, je ne veux pas casser ça. Un coureur qui ne pense qu’à lui, même s’il a le meilleur palmarès du monde, ça ne marchera pas chez nous.

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