Chez Go Sport-Roubaix, « on ne perd pas espoir »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Vent de panique pour Roubaix Lille Métropole, et ce n’est pas le fort mistral qui a soufflé toute la semaine sur les routes de l’Etoile de Bessèges (2.1) qui perturbe le plus les coureurs de la formation Continentale. La tempête s’appelle Go Sport, du nom du partenaire titre de l’équipe. Alors qu’un contrat de 1,5 million d’euros, sur trois ans, avait été signé à l’orée de la saison 2022, pour un partenariat majeur en remplacement de Xelliss, aucun versement n’a été effectué auprès du club, de la part de l’enseigne de magasins de sport qui a été placé en janvier en redressement judiciaire. “Je me dois de trouver un remplacement à Go Sport, ce qui dans la conjoncture actuelle ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Je crois pouvoir tenir encore trois mois environ. Au-delà, je ne réponds pas de l’avenir du club”, a récemment déclaré Daniel Verbrackel, le manager des rose-et-noir, auprès de La Voix du Nord.

« ZAPPER CERTAINES COURSES »

Ce n’est pas la première fois que ce dernier se retrouve confronté à des problèmes financiers avec sa formation mais cette fois-ci, la situation semble peut-être plus critique encore que lors des épisodes précédents. Alors, forcément, on s’inquiète fortement au sein du staff et des coureurs de l’équipe. Directeur sportif de l’équipe la semaine passée à Bessèges, Arnaud Molmy a répondu aux interrogations de DirectVelo avec transparence et sans cacher ses inquiétudes. “Est-ce qu’on peut faire abstraction de tout ça ? Oui et non. On a une visibilité et des garanties sur trois mois. Allez, disons jusqu’au Championnat de France à Cassel, même. Après ? Ce sera sûrement plus compliqué si ça reste en l’état. Il faut aussi penser à l’association, c’est tout l’avenir d’un club sur lequel il faut travailler. Il y a beaucoup de boulot, mais on ne perd pas espoir”.

Bien sûr, l’ancien coureur professionnel tâche avant tout de maintenir son groupe focalisé sur les épreuves à venir. Inutile de mélanger l’aspect purement sportif et les problèmes financiers du club. “Quand on est en course, avec la pression et les objectifs de chacun, on arrive à mettre de côté les soucis extra-sportifs. Pour autant, on ne peut pas faire comme si ça n’existait pas. Il y a eu un plan de bataille qui a été présenté aux coureurs. Il faut sauver le navire”. Parfois, tout de même, le plan sportif est directement impacté par la situation financière actuelle. Ainsi, Arnaud Molmy admet que la Conti nordiste devrait se retirer de la liste des engagés de quelques épreuves dans les semaines et les mois à venir. Histoire d’économiser quelques milliers d’euros. “Les règles font que l’on doit, normalement, faire quasiment tout le calendrier français. Mais là, ça pourrait être intéressant de zapper certaines courses. Il faudra que la Ligue le permette. Mais il n’y a que là qu’on peut limiter les dépenses, car c’est bien sûr incompressible au niveau des salaires”.

« RESTER POSITIFS »

Les coureurs de l’équipe Go Sport-Roubaix Lille Métropole ont été prévenus de cette idée d’un calendrier qui devrait être allégé de quelques événements. “Chacun va devoir y mettre du sien à l’entraînement et arriver avec le couteau entre les dents à chaque course. Mon rôle, là-dedans, est de continuer à maintenir un groupe soudé et impliqué malgré tout”. Pour le reste, le directeur sportif et ses athlètes ne peuvent pas faire grand-chose, si ce n’est faire bonne figure en compétition avec l’espoir de donner envie à un futur partenaire d’investir dans le projet. “On garde espoir, on a confiance en notre direction. On sait que Daniel (Verbrackel) se démène. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que ça arrive. Nous, ce n’est pas notre boulot d’aller chercher un nouveau sponsor. On essaie de trouver une cohérence sportive et de faire au mieux. Vu la concurrence, pour l’instant, c’est dur de performer mais on se bat. Évidemment, le but n’est pas de montrer le maillot à tout prix, on veut aussi des résultats. Mais le comportement des gars prouve que l’envie est là. Si on arrive à se tirer de cette situation, je pense que ça pourrait encore renforcer le groupe”.

Difficile d’y voir clair, bien sûr, du côté des coureurs. Passé pro en 2015 sous ces mêmes couleurs roubaisiennes, Jérémy Leveau connaît extrêmement bien la structure. Il est perplexe, comme tous ses coéquipiers, mais se sait impuissant face à une telle situation. “Forcément, je ne peux pas dire que l’on n’est pas inquiet. Ce n’est pas une situation agréable à vivre. On est dans le flou pour le moment. Mais tant qu’on est sur la ligne de départ des courses, c’est le principal, explique celui qui a terminé 4e du Circuit de la Sarthe-Pays de la Loire l’an passé. Une fois en compétition, on essaie de faire abstraction du reste et de montrer le maillot, en faisant du mieux possible. On en discute entre nous, forcément, mais on essaie de rester positifs malgré tout”.  

 

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